jeudi 19 décembre 2013

Aguesseau (rue d')

Entre les places d’Aine et de la Motte, la rue d’Aguesseau constitue, avec les rues Othon-Péconnet et Darnet, un ensemble homogène : trois rues rectilignes, parallèles, dont les bâtiments semblent avoir été construits tous à la même époque. En effet, elles ont été tracées après l’incendie du 15 août 1864, qui détruisit le quartier médiéval des Arènes, dédale de ruelles étroites et tortueuses comprises dans l’enceinte du Château. C’est suite à cet événement que le maire de Limoges, Othon Péconnet, interdit la construction des façades et murs mitoyens à structure bois. Quant à Henri-François d’Aguesseau, il est né à Limoges, rue du Consulat, en 1668 (†1751). Avocat, puis procureur général au Parlement de Paris, il devient chancelier du régent en 1717. Il est également réformateur de la législation.

mercredi 18 décembre 2013

Aigueperse (rue)

Son nom (de aquae sparsae, « eaux répandues ») évoque un ruisseau, couvert au XIXe siècle, qui coulait à proximité et dont la source se situe dans le quartier des Tuilières. La rue Aigueperse est tracée en 1837, entre la route de Paris (rue François-Chénieux) et le chemin du Crucifix (future avenue Garibaldi), par un certain M. Judet. Celui-ci ne fait pas les travaux nécessaires à son classement (trottoirs, éclairage…) : ils seront réalisés par la ville et le classement décidé seulement le 18 mars 1862. La rue n’a même jamais été correctement alignée. Située entre autres à côté de l’usine Haviland, construite en 1853, ses modestes maisons étaient peuplées d’ouvriers et, reliant deux grands axes, la circulation y était dense. De nos jours, plus rien ne laisse supposer que son agitation lui valait le surnom de « rue des Fourmis » !

mardi 17 décembre 2013

Aine (place d')

La place d’Aine est tracée par Nicolas d’Aine, intendant de 1774 à 1783, suite à la destruction de la porte des Arènes par l’intendant Turgot (1761-1774) en 1773. Cette dernière faisait partie des remparts du Château remontant au XIIIe siècle (les boulevards actuels en conservent le tracé). D’Aine fait également construire un grand escalier conduisant à la place d’Orsay, aménagée par l’intendant Boucher d’Orsay (1710-1716 et 1724-1730) sur les ruines de l’amphithéâtre gallo-romain et clôturée en 1730. A côté se trouvait le cimetière des Arènes (partie triangulaire de place Winston-Churchill actuelle, dont l’un des côtés borde le jardin d’Orsay). D’Aine souhaitait entourer sa place carrée de maisons toutes identiques, mais seule une rangée a été réalisée. Datant de 1781, elle est reconnaissable à l’arc en plein cintre qui surmonte les fenêtres de l’entresol. Rebaptisée place de la Concorde à la Révolution, la place d’Aine reprend sa dénomination après 1815.

En 1846, les escaliers sont remplacés par le palais de justice, dû à l’architecte Vincent Boullé (17 place d’Aine). Il est typique de l’architecture judiciaire du temps du roi Louis-Philippe : façade néoclassique monumentale avec escalier solennel et fronton à l’antique supporté par des colonnes et décoré en 1864 des attributs de la Justice par le sculpteur Félix Ferru (†1877).

Après l’incendie de 1864, les bâtiments qui font face au palais de justice sont reconstruits. L’immeuble dessiné par l’architecte Omer Treich (1905), 1 place d’Aine, possède une façade qui attire l’attention par ses courbes (pan coupé de l’angle, garde-corps des balcons, consoles soutenant le balcon continu du troisième étage, dont le départ, sous les coquilles, est une représentation anthropomorphe d’un visage composé de fleurs à la manière d’Arcimboldo). Plus loin, l’édifice qui fait l’angle entre le 11 rue d’Aguesseau et le boulevard Gambetta est marqué par deux formes géométriques : le cercle et le triangle. Les sculptures des chapiteaux des colonnes, dont la hauteur se limite à un seul niveau, donnent un peu de fantaisie à l’ensemble. Sur la place était érigée une statue de Gay-Lussac, œuvre d’Aimé Millet, inaugurée le 11 août 1890 et fondue en 1942 par les Allemands.

lundi 16 décembre 2013

Allois (rue des)

Dans le quartier de la Cité, limité entre autres par les boulevards établis sur les fossés des murailles du Xe siècle (boulevard de la Cité, boulevard Saint-Maurice), se tenait, à la place des 2 et 4 rue des Allois, l’église Saint-Genès, incendiée en 1105 lors des luttes qui opposent les habitants du Château à ceux de la Cité. Les Urbanistes de Sainte-Claire ou Clarisses (puis Grandes-Claires à partir de 1659) se fixent en 1619 à côté, actuel 8 rue des Allois, face à la rue Haute-Cité. Les religieuses franciscaines font construire leur chapelle, achevée en 1641, sur les terrains de l’église Saint-Genès. Les Grandes-Claires étant supprimées en 1750, la communauté bénédictine des Allois occupe dès lors le monastère délaissé. Mais, à la Révolution, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux et la chapelle détruite en 1793.

A cette époque, la rue se termine en impasse avant d’arriver sur le boulevard de la Cité (la petite chapelle Notre-Dame-du-Puy se trouvait là). L’axe est percé jusqu’au boulevard à partir de 1811 et prend le nom de rue Neuve-de-la-Providence. Des contestations au sujet d’un jardin qui la borde ralentissent son élargissement jusqu’en 1830 et le dernier immeuble (9 rue des Allois) n’a même jamais été aligné. La rue, dont le nom actuel rend hommage à la congrégation religieuse, conserve plusieurs belles maisons à colombage avec rez-de-chaussée à arcades représentatives du quartier Haute-Cité.

dimanche 15 décembre 2013

Amphithéâtre (rue de l')

La rue, qui longe les arènes gallo-romaines et aboutit place Winston-Churchill, date de 1833, époque de la transformation du cimetière des Pénitents-Gris en champ de foire (actuelle place Winston-Churchill). Au 2 rue de l’Amphithéâtre, sur la façade qui fait l’angle, les balcons au-dessus de la porte d’entrée sont supportés, au premier étage, par deux têtes de lion et, au second, par deux têtes humaines. Les encadrements sont tous finement sculptés.

jeudi 12 décembre 2013

Ancienne-Comédie (place de l')

Cette place, qui se situait dans le quartier du Château, près de l’abbaye Saint-Martial (actuelle place de la République), s’appelait place du Mûrier, car un mûrier s’y dressait. L’arbre avait également donné son nom à un andeix ou petit marché, installé sous son ombrage.

Au 6 place de l’Ancienne-Comédie se tenait le couvent des Récollets de Saint-François (franciscains), édifié en 1616 à l’emplacement de l’hôtel de la Bayardière. Mis en vente en 1791, le cloître et la chapelle sont acquis par Roulhac de Rouveix, qui les loue au sieur Besse. En 1794, celui-ci inaugure, dans la chapelle, un théâtre de 524 places qui succède à la salle du jeu de paume où se jouait la comédie, détruite en 1790 par l’incendie du quartier des Pousses (qui s’étend de la rue des Grandes-Pousses et des Petites-Pousses jusqu’à la rue Banc-Léger). Le théâtre est remplacé en 1840 par un édifice neuf, construit place Royale (place de la République), le long de la rue Saint-Martial. C’est à cette époque que la place de l’Ancienne-Comédie, qui s’appelait jusqu’alors place Saint-François, prend sa dénomination actuelle.

Le bâtiment actuel, ancienne bibliothèque municipale, a été construit en 1896 par Léonard Marsaudon. Il a perdu sa fonction avec l’ouverture de la bibliothèque francophone multimédia (BFM) en 1998 et abrite entre autres un bar depuis 2001.

mercredi 11 décembre 2013

Anglais (rue des)

Hors des fortifications du Château, près de la place Denis-Dussoubs, la rue des Anglais devrait son nom, qu’elle porte au moins depuis 1312, à un cimetière réservé aux britanniques. La ville, devenue anglaise au XIIe siècle, au mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le futur roi d’Angleterre, Henri II, le reste jusqu’au XVIe siècle, lorsqu’elle repasse sous domination française grâce à Henri IV.

En septembre 1765, la porte Montmailler, vestige de l’enceinte du XIe siècle, est rasée par l’intendant Turgot. Les pierres sont transportées rue des Anglais pour l’édification, de 1765 à 1769, du dépôt de mendicité. Jusqu’à cette date, les mendiants étaient envoyés à l’hôpital général, construit en 1661. Accessible par la rue des Anglais, le bâtiment se compose d’un corps principal avec deux ailes en retour d’angle. En 1770, un hangar est ajouté pour servir d’atelier et, en 1771, six loges pour les fous. Les hommes sont occupés à battre du ciment et les femmes à filer. Vers 1808, l’établissement devient maison de force (architecte et entrepreneur Cadié et Brousseau) et ne reçoit plus que les fous, les épileptiques, les filles publiques et les vénériens. Appelé Notre-Dame-du-Bon-Secours à partir de 1828, il est aménagé et agrandi vers 1829. Les vénériennes y sont traitées jusque vers 1840 (puis l’hôpital prend le relais). Asile des aliénés à partir de 1838, il subsiste en cette qualité jusqu’à la construction de l’asile de Naugeat (1856-1864).

Une fois libéré, l’ancien asile reçoit de nouvelles destinations : l’école communale et laïque, la deuxième à Limoges après celle de la Monnaie, qui ouvre en 1867 et le musée céramique et l’école municipale des beaux-arts, qui s’installent en 1869 (le présent musée Adrien-Dubouché sera construit à son emplacement). Les vieux locaux sont détruits en 1890 et remplacés par les bâtiments actuels. L’école Montmailler, 10 rue des Anglais, comprend une école maternelle et une école élémentaire.

La manufacture de porcelaine de François Alluaud s’implante 3 rue des Anglais en 1798. Suite à la mort de son père en 1799, François II Alluaud (†1866) prend en main la direction de la fabrique, tout en entreprenant la construction de la grande manufacture des Casseaux, achevée en 1816.

mardi 10 décembre 2013

Arènes (rue des)

L’ancien faubourg des Arènes, situé en dehors des murs du Château, doit son nom à l’amphithéâtre qu’il borde (jardin d’Orsay). Ses auberges offraient le gîte et le couvert aux pèlerins qui empruntaient la route de Saint-Jacques-de-Compostelle et passaient par l’abbaye Saint-Martial pour rendre hommage aux reliques du premier évêque de Limoges, saint Martial (IIIe siècle).

Entre la rue des Arènes et la rue des Clairettes se dressait l’hôpital Saint-Jacques-des-Arènes (XIIIe siècle), ainsi que l’église Notre-Dame-des-Arènes, dont la plus ancienne mention remonte à 1031. Un prieuré bénédictin est bâti autour vers le XIIe siècle. Consacrée en 1219 après une reconstruction totale, l’église n’est, en 1436, plus utilisée pour la célébration du culte en raison de son état. Les Clairettes ou Petites-Claires, qui ont quitté les Urbanistes de Sainte-Claire dans la Cité pour suivre une règle plus rigoureuse, s’établissent dans l’ancien prieuré en 1659 et l’église leur sert de chapelle. Leurs nouveaux immeubles sont achevés en 1661. Edifices religieux et jardins sont vendus à la Révolution et remplacés par le collège et lycée Léonard-Limosin, établissement public (6 rue des Argentiers). Les Clairettes achèteront, après le Concordat, une maison en face de l’évêché.

lundi 9 décembre 2013

Arsonval (rue d')

A partir de 1880, Ernest Ruben (1808-1900), riche orfèvre de Limoges qui a sorti l’émail de l’oubli à la fin des années 1830, ouvre des rues sur ses terres, à l’ouest de la Cité. Le 4 avril 1898, il obtient le classement du cours Jean-Pénicaud, des rues Pierre-Courteys, Noël-Laudin, Jean-Nouailher, Léon-Sazerat, Pierre-Raymond, de l’Observatoire, de l’avenue Saint-Eloi et de la future rue Paul-Dérignac. Le même jour, un certain Plainemaison demande l’autorisation d’ouvrir une nouvelle voie entre la rue Pierre-Raymond et la rue de l’Observatoire : ce sera la rue d’Arsonval.

Jacques-Arsène d’Arsonval (la Porcherie, 8 juin 1851-idem, 31 décembre 1940) est un ancien élève du lycée Gay-Lussac. Médecin, physicien et inventeur, on lui doit notamment le galvanomètre balistique, le premier téléphone agréé par les PTT et des études sur l’électrothérapie par les courants à haute fréquence. Le vase d’Arsonval est, par son principe, à l’origine des bouteilles thermos. Le scientifique perfectionne également certaines inventions de la Belle Epoque, comme le téléphone TSF (transmission sans fil).

L’architecte Amédée Sautour signe la plupart des façades de la rue : 4, 6, 7, 8, 9, 19 (1908), 21 (1911), 23 (1914), 25 (1921) et 29 rue d’Arsonval (1908), tandis que la maison au 1 rue d’Arsonval est due à Hyacinthe Couturier (1904). Le 16 rue d’Arsonval est édifié en 1908 par E. Wottling, architecte originaire de lorraine, pour l’artiste peintre et sculpteur régional Auguste Aridas, dont les œuvres ornent notamment les salons de la préfecture. Ancien élève de Dauban et de Gérôme, chef de file du style néo-pompéien, Auguste Aridas (1848-1929) arrive à Limoges en 1881 pour enseigner dans la division supérieure de dessin à l’école d’art décoratif, devenue nationale cette année-là (ex école municipale des beaux-arts). Le musée de l’évêché de Limoges dispose d’une quinzaine de peintures et de dessins de l’artiste. La maison comporte un atelier de peintre orienté au sud. Sur la façade, une niche abrite une urne en terre cuite.

dimanche 8 décembre 2013

Auzette (rue d')

Le chemin qui joignait les ponts Saint-Martial et Saint-Étienne est devenu la rue d’Auzette et la rue Henri-Dumont. L’Auzette est un affluent de la Vienne dans laquelle elle se jette, rive gauche, entre le Pont-Neuf et le pont Saint-Martial.

L’existence d’un moulin à farine, le moulin d’Auzette, est attestée dès la fin du XVIIIe siècle à l’actuel 41-45 rue d’Auzette. Détruit en 1837, il est remplacé par un moulin à kaolin. Des agrandissements sont réalisés en 1854 et 1862. En 1888, le site est acquis pour l’implantation d’une usine de traitement de poil animal destiné à la fabrication de feutre. En 1902, Léon Beaulieu, le nouveau propriétaire, procède à l’agrandissement des ateliers, puis à la construction d’un logement patronal en 1903, d’un nouvel atelier de fabrication en 1914 et enfin d’un bâtiment abritant des bureaux, un magasin industriel et un logement de contremaître en 1918. D’autres extensions ont lieu au début des années 1920. L’usine n’a plus de fonction productive à partir de 1935 environ : cette dernière est transférée à Nantiat, tandis que les ateliers de Limoges sont reconvertis en entrepôts industriels. L’usine de Nantiat ferme vers 1960, entraînant la fermeture du site de Limoges. Les ateliers de production sont rasés. Les bureaux et le logement de contremaître sont reconvertis en immeuble de logements.

Le logement patronal, témoin de durs conflits durant les grèves de 1905, abrite actuellement l’hôpital de jour du centre hospitalier Esquirol (crèche thérapeutique). Sa sobre façade de granite appareillé en mosaïque est rehaussée d’une riche ornementation en terre cuite : chaînes d’angle, métopes, encadrement des baies avec clés à feuilles d’acanthes, riche garniture avec rameaux de chêne autour de l’œil-de-bœuf… Ces éléments creux remplis au mortier proviennent d’une production industrielle qui fournit, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une décoration abordable et facile à poser.

Après la mise en service du pont Neuf en 1840, le quartier d’Auzette s’urbanise. Le val d’Auzette est divisé en parcelles et le ruisseau sert d’égout collecteur des eaux usées et déchets divers qui aboutissent à la Vienne. Devenue propriétaire des terrains, la ville aménage le parc d’Auzette, qui ouvre en 1982 : 31 000 m², de la Vienne à la route de Toulouse, où un tunnel permet de rejoindre le parc du Mas-Rome, qui remonte le cours de l’Auzette, jusqu’au parc du Bas-Fargeas, qu’on atteint en traversant la rue de Feytiat et qui s’arrête au niveau de l’A20.

L’école communale du Pont-Neuf, au niveau du 7 rue d’Auzette, ouvre provisoirement en 1877 dans des locaux existants, entre autres une ancienne usine de porcelaine. La construction des nouveaux bâtiments, qui peuvent accueillir 500 élèves, débute en 1881 sur les plans de l’architecte de la ville, Wottling. Le corps principal, parallèle à la rue d’Auzette, est flanqué de trois ailes, dont l’une occupée par l’école maternelle. Celle-ci ouvre en 1884 et l’école élémentaire pour filles et garçons en 1883.

samedi 7 décembre 2013

Bac (rue Théodore)

Tracée par la société immobilière du Crucifix, qui urbanise le quartier Carnot-Marceau à la fin du XIXe siècle, la rue Théodore-Bac est ouverte en 1881 pour relier la gare des Bénédictins à la place Carnot. Théodore Bac (Limoges, 14 avril 1809-Paris, 30 mai 1865), ancien élève du lycée Gay-Lussac, saint-simonien, avocat dans les années 1830-1840, maire de Limoges en 1848, député républicain de la Haute-Vienne sous la Seconde République (1848-1852), est contraint à l’exil par le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. A son retour, il se fait inscrire sur le tableau des avocats du barreau de Paris.

Les bâtiments de la rue sont de plusieurs époques et l’ensemble n’est pas homogène. Au 4 rue Théodore-Bac se trouve un immeuble signé Jean-Baptiste Blanc (1896), à l’angle de la rue du Général-du-Bessol, un édifice avec des sculptures et, au 51, la façade porte un décor de céramique. La distillerie artisanale Turin-Labidoire possède une entrée discrète 63 rue Théodore-Bac. Le 93 rue Théodore-Bac, de 1957, porte le nom de l’architecte Paul Villemain (1906-1993).

Au 43 rue Théodore-Bac, l’édifice, de facture classique, a pour originalité son décor de faïence. Le linteau des six ouvertures est souligné par un motif, entrelacs de feuilles d’acanthe terminés par une fleur, qui rappelle les bleus de Delft (il existe un exemple semblable au 22 rue des Tuilières). Sur la corniche est insérée une frise arabisante. Malgré la similitude de couleur, les styles de ces modèles, disponibles sur les catalogues de la manufacture Boulenger, sont très différents.

vendredi 6 décembre 2013

Banc-Léger (rue)

Cette rue, qui relie la place du Poids-Public à la place Haute-Vienne, se situait en dehors de l’enceinte jusqu’au premier quart du XIIIe siècle et ne faisait donc pas partie du quartier du Château. Son nom, qui viendrait de banlagier ou banclagier, habitant de la banlieue, est resté après la construction des remparts qui l’ont englobé (le boulevard Louis-Blanc est à l’emplacement des fossés).

Les Ursulines, qui se chargent de l’éducation des jeunes filles, s’installent en 1621 rue Banc-Léger, en face du jeu de paume. Leurs nouveaux bâtiments sont achevés en 1676. L’incendie du quartier des Pousses, en 1790, détruit leur maison et, dispersées pendant la Révolution, elles ne reviennent pas à Limoges. La rue Banc-Léger est redressée après l’incendie (l’immeuble au 17 rue Banc-Léger porte sa date de construction, 1791, sur l’imposte en fer forgé). C’est sur les ruines de la maison des Ursulines que sont bâtis les Bains chinois de M. Reix, en 1817. Ceux-ci sont démolis et remplacés par un immeuble d’habitation de conception moderne en 1961.

jeudi 5 décembre 2013

Bancs (place des)

La place des Bancs est intégrée à l’enceinte du Château au début du XIIIe siècle. A la même époque, la place du Marché devient la place du Vieux-Marché (place du Poids-Public) et la place des Bancs lui succède dans sa fonction commerçante. Les bouchers sont désormais tenus d’y vendre leur marchandise. Ils quittent les abords de l’étang de Palvézy et le faubourg Boucherie (rue Raspail et rue du Collège) et s’installent rue Torte, aujourd’hui rue de la Boucherie, à côté de la place des Bancs. Cette place servira longtemps de marché à la viande et au pain. Dans les dernières années du XVIe siècle, une halle est construite au-dessus des bancs charniers (ils sont à l’origine du nom de la place). En 1743, celle-ci est démolie par l’intendant Tourny (1730-1743), qui souhaite assainir le centre-ville. Pour embellir la place, qu’il renomme place Royale, il fait édifier une fontaine dont le trop-plein est conduit à la fontaine de l’hôpital en 1768.

La halle est remplacée par deux petites halles, rue du Canard (dans le quartier détruit du Verdurier) et rue Saut-de-Bœuf, qui ne satisfont ni les bouchers ni leurs clients et ne sont pas plus salubres. Les bouchers, qui n’ont pas le droit de faire commerce chez eux, profitent des troubles de la Révolution pour se soustraire à l’interdiction. Mais la place continue d’accueillir les étals des marchands. Lors du pavage de la place des Bancs en 1843, la fontaine est supprimée ; des bornes-fontaines, rue Jauvion et rue de la Loi lui sont substituées.

Quand le musicien russe Modeste Moussorgski compose en 1874 ses Tableaux d’une exposition, il s’inspire des toiles de son ami décédé, le peintre Victor Hartmann, qui est passé par Limoges vers 1860 et a peint la place des Bancs. Le Marché de Limoges est la septième des dix pièces de cette suite pour piano, orchestrée par Maurice Ravel en 1922 et l’une des plus célèbres avec La Grande Porte de Kiev.

Autour de la place, agrandie au XXe siècle, se côtoient des bâtiments datant de plusieurs époques, du Moyen Age au XXe siècle, dont certains réservent des surprises, comme la quincaillerie Cubertafond au 3 place des Bancs, au fond de laquelle se cache une salle voûtée médiévale.

A la Révolution, les Girondins, avec leur chef de file Vergniaud, fréquentaient, dans l’ancienne maison Marmignon (XIVe siècle), un café, qui ne s’appelait pas encore Café des Girondins (il portera ce nom à partir de 1847). L’édifice est démoli puis reconstruit entre 1914 et 1918 par l’architecte Claude Lamargue. Certains éléments de l’ancienne façade sont intégrés à la nouvelle : les trois arcs brisés incorporés dans le mur du premier étage et les modillons soutenant le bandeau séparant le rez-de-chaussée de l’étage. Le café tel qu’il est aujourd’hui date de la reconstruction de l’immeuble et sa décoration n’a pas bougé depuis 1918. Acheté en 1937 par Mme Lazare, l’établissement, qui a pris le nom de Café 1900, 12 place des Bancs, a été revendu par sa belle-fille en 2005.

L’ancienne pharmacie Brunot, 22-24 place des Bancs, se signale par le caducée d’Hygie qui orne sa façade. La présence d’une pharmacie à cet emplacement est attestée dès le milieu du XIXe siècle. Elle doit sa réputation à son troisième propriétaire, Joseph Brunot, né le 23 avril 1847 à Estivaux en Corrèze. Après avoir fait ses études au Lycée Gay-Lussac, devenu pharmacien, il se fixe à Limoges en 1897. Initialement, l’établissement se limitait au local du 22, puis les 22 et 24 sont réunis par des ouvertures pratiquées dans les murs mitoyens. Après son décès, en 1906, la pharmacie est rachetée par Lydie-Marguerite Bacarisse, née Lambert, épouse de Gabriel-Henri Bacarisse, préparateur en pharmacie. D’après le catalogue, édité en 1908, « la Grande Pharmacie Régionale J. Brunot exécutait 80 000 ordonnances par an en 1906-1907 ». « Aucune ne sert mieux, toutes vendent plus cher », assurait son slogan, présent sur de nombreux supports publicitaires. La pharmacie « Brunot-L. Bacarisse-Lambert successeur », qui possède aussi un laboratoire d’analyses chimiques et bactériologiques, est cédée vers 1935 à Bernard Dussoubs, pharmacien de la Faculté de Paris, qui y exerce jusqu’à son décès en 1975 en pérennisant le nom de Brunot. Les successeurs de B. Dussoubs sont Mme Pellerin (1975-1981) et M. Orabona, titulaire jusqu’en 2013. L’immeuble est en cours de restauration.


D’un style Art déco qui dénote avec le reste de l’immeuble d’aspect médiéval, la vitrine de l’ancienne boutique Lecomte-Chaulet, 19 place des Bancs, date de 1935. Au sol, les mosaïques dessinent son nom en noir sur fond jaune et, sur le trottoir, en bleu. Sur l’auvent massif, les petits carreaux sont or et noir. Des vitraux ocres et bruns surmontent la devanture avec ses deux entrées en renfoncement et le plafond porte des motifs floraux typiques de l’époque.

mercredi 4 décembre 2013

Barbès (rue Armand)

Le chemin de Plaisance est ouvert en 1865 sur les terrains provenant du démembrement de la propriété de Plaisance, résidence entourée de plus d’un hectare de terrain en bordure du cours Gay-Lussac et appartenant à Mme Adam. Seule une partie de la rue Armand-Barbès actuelle portait ce nom (du cours Gay-Lussac à la rue de Châteauroux).

La société immobilière du Crucifix s’était engagée en 1864 à créer un quartier sur des terrains compris entre la route de Paris (avenue du Général-Leclerc), la rue du Chinchauvaud, le Champ de Juillet, le cours Gay-Lussac et l’avenue du Crucifix (Garibaldi). Le plan, qui prévoyait une place avec église et fontaine, est modifié suite au projet de construction de la caserne Marceau ; des rues prévues sont supprimées, d’autres sont déviées par rapport au plan initial. La Société immobilière est à l’origine de la rue Théodore-Bac, l’avenue de Turenne, la rue de la Souterraine, une partie des rues Hoche, Armand-Barbès, de Belfort, d’Argenton, Charpentier…

La caserne du Crucifix (Marceau), 64 rue Armand-Barbès, est construite entre 1875 et 1877 pour accueillir le 21e régiment de chasseurs à cheval. Issue d’une vague d’édification de casernes (elles occupaient auparavant d’anciens bâtiments religieux), sa construction fait suite à celle de l’hôtel de commandement en 1861-1869 et précède celle des casernes Beaublanc (1877) et Beaupuy, en 1885. Libérés par l’Armée en 2011, ses 43 000 m² sont devenus propriété de la Ville de Limoges pour 1 € symbolique. Devant, la place Marceau est l’ancienne place de la Société-Immobilière.

Un peu plus haut dans la rue, le manège de cavalerie de Montrouge, de 1876, servait aux soldats de la caserne Marceau. Devenu garage et entrepôt militaire, il a été vendu début 2010 pour 1 € symbolique à la Ville de Limoges. En 2013, l’office HLM y aménage 37 logements labellisés BBC (les façades sont conservées).

En 1881, la rue de Plaisance devient la rue Denis-Dussoubs et, en 1883, un accord permet son achèvement entre la rue de Châteauroux et la caserne. Le 29 mars 1882, elle prend le nom d’Armand-Barbès (1809-1870), homme politique guadeloupéen emprisonné en 1839 à la suite d’une tentative d’insurrection républicaine contre Louis-Philippe et libéré à la révolution de 1848 ; arrêté après le 15 mai 1848, il est relâché en 1854 et s’exile en Hollande jusqu’à sa mort. Le même jour est décidé le prolongement de la rue Armand-Barbès jusqu’à la route de Paris (avenue du Général-Leclerc) ; il est achevé vers 1895. La jonction se fait au niveau de l’école communale Léon-Berland, ancienne école communale de la Société immobilière, école maternelle et élémentaire publique. Il faudra au final plus de quarante ans pour que la rue présente pratiquement l’aspect que nous lui connaissons.

En 1886, Léon Léonard Lescuras, distillateur rue du Temple depuis le début des années 1880, fait édifier au 76-78 rue Armand-Barbès une distillerie, des chais, des magasins industriels, ainsi qu’un logement patronal. Lui succède Duché en 1901, puis Chaumanet en 1904. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le site est acquis par l’usine de chaussures Pénicaut Lionet et Compagnie : les bâtiments sont détruits, à l’exception du logement patronal et de magasins industriels en bordure de la rue Gouffier-de-Lastours. En 1921, de nouveaux ateliers de fabrication sont construits, ouverts sur les rues de Fontaury et Armand-Barbès. En 1938, la société Pénicaut Lionet et Cie est remplacée par l’imprimerie Brégéras, laquelle quitte le site dès 1948 pour s’installer rue Cruveilher. Les locaux sont alors repris par l’entreprise Perfecta, spécialisée dans la fabrication de formes de chaussures en bois et de galoches. Les ateliers sont transformés à cette occasion. L’usine est probablement fermée au cours des années 1970. Une salle de gymnastique, danse et relaxation, les entrepôts de la fondation Emmaüs, ainsi que des logements sont implantés aujourd’hui dans ces immeubles.

En 1898, l’architecte J.-B. Chabrefy érige, au 23 rue Armand-Barbès, une demeure bourgeoise qui compte parmi ses premières réalisations. La façade élevée sur trois niveaux est ponctuée de plusieurs ornements de faïence. Treize carreaux similaires sur les quinze originels sont alignés sous la corniche. Il s’agit de croix fleurdelisées au ton crème sur un cercle pourpre encadrées d’un bleu turquoise, motifs fréquents dans la céramique architecturale industrielle. Le panneau qui orne la corniche des balcons présente un élément central en pointe de diamant encadré par deux motifs floraux stylisés. Il porte la mention « H-B et Cie Choisy-le-Roi », preuve du rayonnement des grands fabricants industriels, comme Boulenger, dont il s’agit ici.

Dans la rue, de nombreux autres bâtiments portent la signature de leur architecte : 18 rue Armand-Barbès (E. Wottling, 1894), 27 (Mariaud, 1898), 28 ter (Mariaud, 1901), 29-31 (F. Nouger, 1897), 34 (F. Nouger, 1895)…

mardi 3 décembre 2013

Barreyrrette (place de la)

Cette place entourée de bâtiments à pans de bois, réaménagée par la ville en 1994, est située dans le quartier de la boucherie, à l’arrière des maisons de bouchers. Elle était divisée en enclos par des barrières (barreyrrettas) où étaient parqués les animaux avant l’abattage, jusqu’à la construction d’un abattoir municipal en 1832. Au centre se dresse un mégalithe qui évoque celui, très ancien, qui marquait jusqu’au XVe siècle la limite de la juridiction de l’abbaye de Saint-Martial (il a donné son nom à la rue Pierre-au-Bois toute proche).

lundi 2 décembre 2013

Baudelaire (rue Charles)

La voie romaine appelée via Agrippa permettait de relier Lyon (par Saint-Priest-Taurion et Sauviat-sur-Vige) à Saintes (par Angoulême). A Limoges, elle prenait l’itinéraire suivant : rue Courteline et Baudelaire, place Denis-Dussoubs, rue Louvrier-de-Lajolais, champ de foire (place Winston-Churchill), place des Carmes et rue Armand-Dutreix.

La rue qui nous intéresse portait le nom de Prépapaud, qui lui venait de pré Papaud. Papaud était un surnom de boucher assez répandu ; celui qui a l’a laissé à la postérité faisait paître ses bêtes dans un pré qui s’étendait entre la rue des Vénitiens et du boulevard de la Pyramide (Carnot). Dans les années 1930, la rue Prépapaud est connue pour ses maisons closes. En 1946, année où la loi Marthe Richard impose leur fermeture, elle prend, non sans humour, le nom de Charles Baudelaire, auteur des Fleurs du mal et de Georges Courteline. Empruntée autrefois notamment par les pèlerins, elle abritait des activités de prostitution depuis au moins deux cents ans. Des bâtiments ayant servi de maisons closes ont été détruits depuis.

dimanche 1 décembre 2013

Baudin (avenue)

Ouverte en 1848, la nouvelle route d’Aixe prend, le 10 octobre 1888, le nom de Jean-Baptiste Baudin, né en 1811, médecin, député de l’Ain, mort en défendant la République lors du coup d’Etat de 1851. L’avenue débute devant l’hôtel de Ville, descend en direction du sud-ouest et rejoint les bords de la Vienne jusqu’à atteindre la route de Périgueux. La bourgeoisie, soucieuse de s’éloigner du centre-ville insalubre, s’installe le long de ce nouvel axe. Sur certains bâtiments figure le nom de leur architecte : 51-53 avenue Baudin (Vergez, 1883), 107 (Chabrefy, 1898) , 244-246 (Couturier, 1907). Au 75 avenue Baudin, la façade est décorée de céramique. De nombreuses usines se fixent dans la partie basse de l’avenue, à proximité de la Vienne, mais également plus haut, comme l’imprimerie Lavauzelle, qui était au 62 avenue Baudin.

La Bibliothèque francophone multimédia s’établit en 1998 à l’emplacement de l’hôpital général, construit en 1661 et désaffecté en 1976 avec l’ouverture du CHU. Certains bâtiments de l’hôpital ont été sauvegardés, comme le montre la façade rue Louis-Longequeue.

Face à médiathèque, à l’emplacement de la station-service (4 avenue Baudin), se tenait une institution appelée le Refuge, créé en 1683 pour les prostituées. Elles étaient auparavant enfermées avec les mendiants à l’hôpital général, ce qui n’était pas sans poser des problèmes de promiscuité. Au refuge des filles repenties ou maison de correction de la Madeleine, les sœurs de Saint-Alexis se chargent de leur « réhabilitation » en leur faisant filer la laine, puis le coton. La discipline est sévère et les humiliations courantes. Les femmes internées ne sont pas toujours des prostituées ; considérées comme gênantes par des membres de leur famille, victimes d’histoires de captation d’héritage, etc., les lettres de cachet suffisent à les faire enfermer pour une durée plus ou moins longue. En 1791, le Refuge devient maison de bienfaisance pour les filles et veuves enceintes, puis il est fermé et démoli en 1802, car il tombe en ruine.

Au 55-57 avenue Baudin, dans les locaux construits vers 1909 par François Texier, marchand de vin, la société Clin et Russe implante à l’issue de la Première Guerre mondiale une usine de chaussures. En 1922, de nouveaux ateliers et des bureaux sont édifiés. En 1934, Victor Russe acquiert les bâtiments. Il commercialise sa production dans les années 1950 sous la marque L’Auréole. L’usine ferme au milieu des années 1960. A droite se trouvent les ateliers de fabrication avec les bureaux à l’arrière, à gauche la conciergerie. Entre les deux, l’entrée de l’usine est cantonnée de deux pilastres en granite. Les locaux sont actuellement occupés par les bureaux et le dépôt de la société Dutreix-Schindler, spécialisée dans l’installation et l’entretien d’ascenseurs.

En 1888, les docteurs François Chénieux et Justin Lemaistre, chirurgiens, fondent la première clinique privée du Limousin dans une maison particulière avec jardin, propriété de M. Descazals. Construite dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle se situait 27 nouvelle route d’Aixe, aujourd’hui 83 avenue Baudin. La clinique Chénieux déménage en 1897 au 43 avenue de la Révolution où elle reste jusqu’en 2008, date à laquelle elle transfère ses activités sur le site de Saint-Lazare.

Aujourd’hui Direction de la propreté de Limoges métropole, l’hôtel Monteux, 88 avenue Baudin, est construit en 1903-1904 par les architectes Menissier et Rocher, déjà auteurs de l’usine de chaussures Monteux, rue de Châteauroux. Vendu par Maurice Monteux, l’édifice est témoin de la construction, au cœur du parc, de la tour du BTP de Limoges, centre régional du bâtiment et des travaux publics (86 avenue Baudin). Inaugurée en 1972, elle a pour architectes Marcel Rauby (Bellac, 17 juin 1910-Limoges, 29 septembre 1997) et Léonard Soriano.

En 1889, Charles-Alfred Clément fait construire, 89-91 avenue Baudin, des ateliers où il implante une usine de confection spécialisée dans la fabrication de corsets. L’année suivante s’achève la construction du logement patronal, dont la travée centrale porte à l’étage un balcon en fer forgé. En juin 1895, les femmes qui forment l’essentiel du personnel débutent une grève de 108 jours, pour s’opposer aux règlements imposés par M. et Mme Clément. L’usine, exploitée sous la raison sociale G. Clément depuis 1944, ferme ses portes à la fin des années 1960. Les ateliers, transformés en immeuble de bureaux, abritent aujourd’hui le cabinet d’études en environnement Gaudriot-Cetec. Les ateliers sont constitués de deux corps de bâtiment accolés : le premier avec une façade sur rue en pierre de taille en granite et le second, dans le prolongement du premier. Les murs sur cour sont en briques polychromes formant des motifs géométriques (losanges) au-dessus des soubassements.

En 1887, l’architecte Vergez élève, 115 avenue Baudin, en léger retrait de la rue, une demeure de style néoclassique, qui se distingue par l’entablement soutenu par des colonnes corinthiennes semi-engagées et l’ouverture à fronton au deuxième étage. L’harmonie du bâtiment est confortée par l’unité des couleurs et du décor de faïence : la rosace encadrée d’un filet noir qui se détache sur fond bleu sur les deux panneaux en extrémité, le cartouche au centre qui accueille cinq carreaux avec croix lobées et l’autre cartouche portant la date de construction qui souligne la lucarne.

Cet ensemble, 140-148 avenue Baudin, est composé de quatre immeubles similaires et d’une villa. Les immeubles, d’une remarquable symétrie, sont rehaussés de décors céramiques tels une frise en damier et des cabochons ponctuant la façade. En relief, ces derniers sont insérés dans un cartouche blanc en forme de losange et représentent, sur un fond orangé cerné de bleu, une feuille de chardon enroulée autour d’un clou.


La blanchisserie industrielle Baron, fondée vers 1855, 208 avenue Baudin, est acquise dans les années 1870 par Henry Maine. En 1884, ce dernier édifie un logement patronal et, dans les années 1890, agrandit son établissement. Son successeur, Gabriel-François-Xavier Maine, construit de nouveaux ateliers dans les années 1920, en contrebas du logement patronal, ainsi qu’un château d’eau en béton armé en 1935. Paul Maine reprend l’affaire à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1984, l’usine est acquise par le groupe industriel Elis. Le logement patronal est reconverti en bureaux (trois baies de l’une des pièces du rez-de-chaussée ont conservé des vitraux à motifs animaliers et végétaux). Il est accolés aux deux plus anciens ateliers, probablement de la seconde moitié du XIXe siècle.

En 1898, Louis Patry, propriétaire depuis 1856 d’une tannerie (détruite) installée à une cinquantaine de mètres en bordure de la Vienne, édifie des magasins et entrepôts industriels, 230 avenue Baudin. Ses fils Lucien (dit Léonce) et Louis (dit Eugène), qui forment depuis 1907 la société Patry frères, détruisent les bâtiments pour en édifier de plus vastes en 1910. Ces derniers abritent alors les magasins et entrepôts industriels, ainsi que les bureaux de la tannerie. Vers 1946, les bâtiments sont repris par une usine de tissage, les frères Patry implantant leur tannerie sur la commune voisine d’Isle. Ils conservent leur entrepôts et bureaux de l’avenue Baudin jusqu’à la fin des années 1950, date à laquelle les bâtiments sont reconvertis en garage de réparation de camions Berliet et, depuis 1968, en garage de réparation automobile spécialisée dans les pneumatiques.

Les entrepôts, magasins et bureaux sont composés de quatre halles accolées en pierre de taille en granite, moellon de granite et pierre de taille en calcaire. La façade est formée de quatre pignons de deux types différents qui alternent : le premier type de pignon, dont celui de l’entrée principale, est percé d’une grande ouverture, sur toute la hauteur de l’édifice, couverte en plein cintre. Le pignon de l’entrée principale est de plus surmonté d’une table d’attente coiffée d’un fronton brisé. Le deuxième type de pignon est percé de trois baies rectangulaires au rez-de-chaussée et trois baies couvertes en plein cintre à l’étage (dont une grande baie centrale).

Le 271 avenue Baudin est en bord de Vienne. Au moulin à farine appelé moulin Pabot, attesté au XIVe siècle, est adjoint en 1788, par Louis Naurissart, directeur de la monnaie de Limoges, un laminoir pour l’or, l’argent et le cuivre. Le site prend alors l’appellation de moulin de la Monnaie. Propriétaire depuis 1805, Martial Parant, nouveau directeur de la monnaie, transforme le laminoir en forge anglaise en 1825. En 1837, son successeur, Alexandre Parant, reconvertit partiellement la forge en minoterie. La forge subsiste en partie jusqu’au milieu des années 1840. Alexandre puis Jules Parant Léobon établissent en 1854 une usine de porcelaine qui fonctionne jusqu’en 1887 aux côtés de la minoterie et installent une usine de préparation de produit minéral pour le kaolin à la veille des années 1870. De 1911 à 1942, une blanchisserie industrielle est exploitée dans les anciens séchoirs à kaolin. La préparation de kaolin et la fabrication de porcelaine sont reprises par M. Radiguet en 1918 (usine de Beaumoulin), activités auxquelles succède la mégisserie Meyer vers 1922, puis, à partir de 1945, une usine de meubles pour quelques années seulement. Actuellement, le site accueille un commerce, une boîte de nuit et une habitation.