jeudi 5 décembre 2013

Bancs (place des)

La place des Bancs est intégrée à l’enceinte du Château au début du XIIIe siècle. A la même époque, la place du Marché devient la place du Vieux-Marché (place du Poids-Public) et la place des Bancs lui succède dans sa fonction commerçante. Les bouchers sont désormais tenus d’y vendre leur marchandise. Ils quittent les abords de l’étang de Palvézy et le faubourg Boucherie (rue Raspail et rue du Collège) et s’installent rue Torte, aujourd’hui rue de la Boucherie, à côté de la place des Bancs. Cette place servira longtemps de marché à la viande et au pain. Dans les dernières années du XVIe siècle, une halle est construite au-dessus des bancs charniers (ils sont à l’origine du nom de la place). En 1743, celle-ci est démolie par l’intendant Tourny (1730-1743), qui souhaite assainir le centre-ville. Pour embellir la place, qu’il renomme place Royale, il fait édifier une fontaine dont le trop-plein est conduit à la fontaine de l’hôpital en 1768.

La halle est remplacée par deux petites halles, rue du Canard (dans le quartier détruit du Verdurier) et rue Saut-de-Bœuf, qui ne satisfont ni les bouchers ni leurs clients et ne sont pas plus salubres. Les bouchers, qui n’ont pas le droit de faire commerce chez eux, profitent des troubles de la Révolution pour se soustraire à l’interdiction. Mais la place continue d’accueillir les étals des marchands. Lors du pavage de la place des Bancs en 1843, la fontaine est supprimée ; des bornes-fontaines, rue Jauvion et rue de la Loi lui sont substituées.

Quand le musicien russe Modeste Moussorgski compose en 1874 ses Tableaux d’une exposition, il s’inspire des toiles de son ami décédé, le peintre Victor Hartmann, qui est passé par Limoges vers 1860 et a peint la place des Bancs. Le Marché de Limoges est la septième des dix pièces de cette suite pour piano, orchestrée par Maurice Ravel en 1922 et l’une des plus célèbres avec La Grande Porte de Kiev.

Autour de la place, agrandie au XXe siècle, se côtoient des bâtiments datant de plusieurs époques, du Moyen Age au XXe siècle, dont certains réservent des surprises, comme la quincaillerie Cubertafond au 3 place des Bancs, au fond de laquelle se cache une salle voûtée médiévale.

A la Révolution, les Girondins, avec leur chef de file Vergniaud, fréquentaient, dans l’ancienne maison Marmignon (XIVe siècle), un café, qui ne s’appelait pas encore Café des Girondins (il portera ce nom à partir de 1847). L’édifice est démoli puis reconstruit entre 1914 et 1918 par l’architecte Claude Lamargue. Certains éléments de l’ancienne façade sont intégrés à la nouvelle : les trois arcs brisés incorporés dans le mur du premier étage et les modillons soutenant le bandeau séparant le rez-de-chaussée de l’étage. Le café tel qu’il est aujourd’hui date de la reconstruction de l’immeuble et sa décoration n’a pas bougé depuis 1918. Acheté en 1937 par Mme Lazare, l’établissement, qui a pris le nom de Café 1900, 12 place des Bancs, a été revendu par sa belle-fille en 2005.

L’ancienne pharmacie Brunot, 22-24 place des Bancs, se signale par le caducée d’Hygie qui orne sa façade. La présence d’une pharmacie à cet emplacement est attestée dès le milieu du XIXe siècle. Elle doit sa réputation à son troisième propriétaire, Joseph Brunot, né le 23 avril 1847 à Estivaux en Corrèze. Après avoir fait ses études au Lycée Gay-Lussac, devenu pharmacien, il se fixe à Limoges en 1897. Initialement, l’établissement se limitait au local du 22, puis les 22 et 24 sont réunis par des ouvertures pratiquées dans les murs mitoyens. Après son décès, en 1906, la pharmacie est rachetée par Lydie-Marguerite Bacarisse, née Lambert, épouse de Gabriel-Henri Bacarisse, préparateur en pharmacie. D’après le catalogue, édité en 1908, « la Grande Pharmacie Régionale J. Brunot exécutait 80 000 ordonnances par an en 1906-1907 ». « Aucune ne sert mieux, toutes vendent plus cher », assurait son slogan, présent sur de nombreux supports publicitaires. La pharmacie « Brunot-L. Bacarisse-Lambert successeur », qui possède aussi un laboratoire d’analyses chimiques et bactériologiques, est cédée vers 1935 à Bernard Dussoubs, pharmacien de la Faculté de Paris, qui y exerce jusqu’à son décès en 1975 en pérennisant le nom de Brunot. Les successeurs de B. Dussoubs sont Mme Pellerin (1975-1981) et M. Orabona, titulaire jusqu’en 2013. L’immeuble est en cours de restauration.


D’un style Art déco qui dénote avec le reste de l’immeuble d’aspect médiéval, la vitrine de l’ancienne boutique Lecomte-Chaulet, 19 place des Bancs, date de 1935. Au sol, les mosaïques dessinent son nom en noir sur fond jaune et, sur le trottoir, en bleu. Sur l’auvent massif, les petits carreaux sont or et noir. Des vitraux ocres et bruns surmontent la devanture avec ses deux entrées en renfoncement et le plafond porte des motifs floraux typiques de l’époque.

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