jeudi 19 décembre 2013

Aguesseau (rue d')

Entre les places d’Aine et de la Motte, la rue d’Aguesseau constitue, avec les rues Othon-Péconnet et Darnet, un ensemble homogène : trois rues rectilignes, parallèles, dont les bâtiments semblent avoir été construits tous à la même époque. En effet, elles ont été tracées après l’incendie du 15 août 1864, qui détruisit le quartier médiéval des Arènes, dédale de ruelles étroites et tortueuses comprises dans l’enceinte du Château. C’est suite à cet événement que le maire de Limoges, Othon Péconnet, interdit la construction des façades et murs mitoyens à structure bois. Quant à Henri-François d’Aguesseau, il est né à Limoges, rue du Consulat, en 1668 (†1751). Avocat, puis procureur général au Parlement de Paris, il devient chancelier du régent en 1717. Il est également réformateur de la législation.

mercredi 18 décembre 2013

Aigueperse (rue)

Son nom (de aquae sparsae, « eaux répandues ») évoque un ruisseau, couvert au XIXe siècle, qui coulait à proximité et dont la source se situe dans le quartier des Tuilières. La rue Aigueperse est tracée en 1837, entre la route de Paris (rue François-Chénieux) et le chemin du Crucifix (future avenue Garibaldi), par un certain M. Judet. Celui-ci ne fait pas les travaux nécessaires à son classement (trottoirs, éclairage…) : ils seront réalisés par la ville et le classement décidé seulement le 18 mars 1862. La rue n’a même jamais été correctement alignée. Située entre autres à côté de l’usine Haviland, construite en 1853, ses modestes maisons étaient peuplées d’ouvriers et, reliant deux grands axes, la circulation y était dense. De nos jours, plus rien ne laisse supposer que son agitation lui valait le surnom de « rue des Fourmis » !

mardi 17 décembre 2013

Aine (place d')

La place d’Aine est tracée par Nicolas d’Aine, intendant de 1774 à 1783, suite à la destruction de la porte des Arènes par l’intendant Turgot (1761-1774) en 1773. Cette dernière faisait partie des remparts du Château remontant au XIIIe siècle (les boulevards actuels en conservent le tracé). D’Aine fait également construire un grand escalier conduisant à la place d’Orsay, aménagée par l’intendant Boucher d’Orsay (1710-1716 et 1724-1730) sur les ruines de l’amphithéâtre gallo-romain et clôturée en 1730. A côté se trouvait le cimetière des Arènes (partie triangulaire de place Winston-Churchill actuelle, dont l’un des côtés borde le jardin d’Orsay). D’Aine souhaitait entourer sa place carrée de maisons toutes identiques, mais seule une rangée a été réalisée. Datant de 1781, elle est reconnaissable à l’arc en plein cintre qui surmonte les fenêtres de l’entresol. Rebaptisée place de la Concorde à la Révolution, la place d’Aine reprend sa dénomination après 1815.

En 1846, les escaliers sont remplacés par le palais de justice, dû à l’architecte Vincent Boullé (17 place d’Aine). Il est typique de l’architecture judiciaire du temps du roi Louis-Philippe : façade néoclassique monumentale avec escalier solennel et fronton à l’antique supporté par des colonnes et décoré en 1864 des attributs de la Justice par le sculpteur Félix Ferru (†1877).

Après l’incendie de 1864, les bâtiments qui font face au palais de justice sont reconstruits. L’immeuble dessiné par l’architecte Omer Treich (1905), 1 place d’Aine, possède une façade qui attire l’attention par ses courbes (pan coupé de l’angle, garde-corps des balcons, consoles soutenant le balcon continu du troisième étage, dont le départ, sous les coquilles, est une représentation anthropomorphe d’un visage composé de fleurs à la manière d’Arcimboldo). Plus loin, l’édifice qui fait l’angle entre le 11 rue d’Aguesseau et le boulevard Gambetta est marqué par deux formes géométriques : le cercle et le triangle. Les sculptures des chapiteaux des colonnes, dont la hauteur se limite à un seul niveau, donnent un peu de fantaisie à l’ensemble. Sur la place était érigée une statue de Gay-Lussac, œuvre d’Aimé Millet, inaugurée le 11 août 1890 et fondue en 1942 par les Allemands.

lundi 16 décembre 2013

Allois (rue des)

Dans le quartier de la Cité, limité entre autres par les boulevards établis sur les fossés des murailles du Xe siècle (boulevard de la Cité, boulevard Saint-Maurice), se tenait, à la place des 2 et 4 rue des Allois, l’église Saint-Genès, incendiée en 1105 lors des luttes qui opposent les habitants du Château à ceux de la Cité. Les Urbanistes de Sainte-Claire ou Clarisses (puis Grandes-Claires à partir de 1659) se fixent en 1619 à côté, actuel 8 rue des Allois, face à la rue Haute-Cité. Les religieuses franciscaines font construire leur chapelle, achevée en 1641, sur les terrains de l’église Saint-Genès. Les Grandes-Claires étant supprimées en 1750, la communauté bénédictine des Allois occupe dès lors le monastère délaissé. Mais, à la Révolution, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux et la chapelle détruite en 1793.

A cette époque, la rue se termine en impasse avant d’arriver sur le boulevard de la Cité (la petite chapelle Notre-Dame-du-Puy se trouvait là). L’axe est percé jusqu’au boulevard à partir de 1811 et prend le nom de rue Neuve-de-la-Providence. Des contestations au sujet d’un jardin qui la borde ralentissent son élargissement jusqu’en 1830 et le dernier immeuble (9 rue des Allois) n’a même jamais été aligné. La rue, dont le nom actuel rend hommage à la congrégation religieuse, conserve plusieurs belles maisons à colombage avec rez-de-chaussée à arcades représentatives du quartier Haute-Cité.

dimanche 15 décembre 2013

Amphithéâtre (rue de l')

La rue, qui longe les arènes gallo-romaines et aboutit place Winston-Churchill, date de 1833, époque de la transformation du cimetière des Pénitents-Gris en champ de foire (actuelle place Winston-Churchill). Au 2 rue de l’Amphithéâtre, sur la façade qui fait l’angle, les balcons au-dessus de la porte d’entrée sont supportés, au premier étage, par deux têtes de lion et, au second, par deux têtes humaines. Les encadrements sont tous finement sculptés.

jeudi 12 décembre 2013

Ancienne-Comédie (place de l')

Cette place, qui se situait dans le quartier du Château, près de l’abbaye Saint-Martial (actuelle place de la République), s’appelait place du Mûrier, car un mûrier s’y dressait. L’arbre avait également donné son nom à un andeix ou petit marché, installé sous son ombrage.

Au 6 place de l’Ancienne-Comédie se tenait le couvent des Récollets de Saint-François (franciscains), édifié en 1616 à l’emplacement de l’hôtel de la Bayardière. Mis en vente en 1791, le cloître et la chapelle sont acquis par Roulhac de Rouveix, qui les loue au sieur Besse. En 1794, celui-ci inaugure, dans la chapelle, un théâtre de 524 places qui succède à la salle du jeu de paume où se jouait la comédie, détruite en 1790 par l’incendie du quartier des Pousses (qui s’étend de la rue des Grandes-Pousses et des Petites-Pousses jusqu’à la rue Banc-Léger). Le théâtre est remplacé en 1840 par un édifice neuf, construit place Royale (place de la République), le long de la rue Saint-Martial. C’est à cette époque que la place de l’Ancienne-Comédie, qui s’appelait jusqu’alors place Saint-François, prend sa dénomination actuelle.

Le bâtiment actuel, ancienne bibliothèque municipale, a été construit en 1896 par Léonard Marsaudon. Il a perdu sa fonction avec l’ouverture de la bibliothèque francophone multimédia (BFM) en 1998 et abrite entre autres un bar depuis 2001.

mercredi 11 décembre 2013

Anglais (rue des)

Hors des fortifications du Château, près de la place Denis-Dussoubs, la rue des Anglais devrait son nom, qu’elle porte au moins depuis 1312, à un cimetière réservé aux britanniques. La ville, devenue anglaise au XIIe siècle, au mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le futur roi d’Angleterre, Henri II, le reste jusqu’au XVIe siècle, lorsqu’elle repasse sous domination française grâce à Henri IV.

En septembre 1765, la porte Montmailler, vestige de l’enceinte du XIe siècle, est rasée par l’intendant Turgot. Les pierres sont transportées rue des Anglais pour l’édification, de 1765 à 1769, du dépôt de mendicité. Jusqu’à cette date, les mendiants étaient envoyés à l’hôpital général, construit en 1661. Accessible par la rue des Anglais, le bâtiment se compose d’un corps principal avec deux ailes en retour d’angle. En 1770, un hangar est ajouté pour servir d’atelier et, en 1771, six loges pour les fous. Les hommes sont occupés à battre du ciment et les femmes à filer. Vers 1808, l’établissement devient maison de force (architecte et entrepreneur Cadié et Brousseau) et ne reçoit plus que les fous, les épileptiques, les filles publiques et les vénériens. Appelé Notre-Dame-du-Bon-Secours à partir de 1828, il est aménagé et agrandi vers 1829. Les vénériennes y sont traitées jusque vers 1840 (puis l’hôpital prend le relais). Asile des aliénés à partir de 1838, il subsiste en cette qualité jusqu’à la construction de l’asile de Naugeat (1856-1864).

Une fois libéré, l’ancien asile reçoit de nouvelles destinations : l’école communale et laïque, la deuxième à Limoges après celle de la Monnaie, qui ouvre en 1867 et le musée céramique et l’école municipale des beaux-arts, qui s’installent en 1869 (le présent musée Adrien-Dubouché sera construit à son emplacement). Les vieux locaux sont détruits en 1890 et remplacés par les bâtiments actuels. L’école Montmailler, 10 rue des Anglais, comprend une école maternelle et une école élémentaire.

La manufacture de porcelaine de François Alluaud s’implante 3 rue des Anglais en 1798. Suite à la mort de son père en 1799, François II Alluaud (†1866) prend en main la direction de la fabrique, tout en entreprenant la construction de la grande manufacture des Casseaux, achevée en 1816.

mardi 10 décembre 2013

Arènes (rue des)

L’ancien faubourg des Arènes, situé en dehors des murs du Château, doit son nom à l’amphithéâtre qu’il borde (jardin d’Orsay). Ses auberges offraient le gîte et le couvert aux pèlerins qui empruntaient la route de Saint-Jacques-de-Compostelle et passaient par l’abbaye Saint-Martial pour rendre hommage aux reliques du premier évêque de Limoges, saint Martial (IIIe siècle).

Entre la rue des Arènes et la rue des Clairettes se dressait l’hôpital Saint-Jacques-des-Arènes (XIIIe siècle), ainsi que l’église Notre-Dame-des-Arènes, dont la plus ancienne mention remonte à 1031. Un prieuré bénédictin est bâti autour vers le XIIe siècle. Consacrée en 1219 après une reconstruction totale, l’église n’est, en 1436, plus utilisée pour la célébration du culte en raison de son état. Les Clairettes ou Petites-Claires, qui ont quitté les Urbanistes de Sainte-Claire dans la Cité pour suivre une règle plus rigoureuse, s’établissent dans l’ancien prieuré en 1659 et l’église leur sert de chapelle. Leurs nouveaux immeubles sont achevés en 1661. Edifices religieux et jardins sont vendus à la Révolution et remplacés par le collège et lycée Léonard-Limosin, établissement public (6 rue des Argentiers). Les Clairettes achèteront, après le Concordat, une maison en face de l’évêché.

lundi 9 décembre 2013

Arsonval (rue d')

A partir de 1880, Ernest Ruben (1808-1900), riche orfèvre de Limoges qui a sorti l’émail de l’oubli à la fin des années 1830, ouvre des rues sur ses terres, à l’ouest de la Cité. Le 4 avril 1898, il obtient le classement du cours Jean-Pénicaud, des rues Pierre-Courteys, Noël-Laudin, Jean-Nouailher, Léon-Sazerat, Pierre-Raymond, de l’Observatoire, de l’avenue Saint-Eloi et de la future rue Paul-Dérignac. Le même jour, un certain Plainemaison demande l’autorisation d’ouvrir une nouvelle voie entre la rue Pierre-Raymond et la rue de l’Observatoire : ce sera la rue d’Arsonval.

Jacques-Arsène d’Arsonval (la Porcherie, 8 juin 1851-idem, 31 décembre 1940) est un ancien élève du lycée Gay-Lussac. Médecin, physicien et inventeur, on lui doit notamment le galvanomètre balistique, le premier téléphone agréé par les PTT et des études sur l’électrothérapie par les courants à haute fréquence. Le vase d’Arsonval est, par son principe, à l’origine des bouteilles thermos. Le scientifique perfectionne également certaines inventions de la Belle Epoque, comme le téléphone TSF (transmission sans fil).

L’architecte Amédée Sautour signe la plupart des façades de la rue : 4, 6, 7, 8, 9, 19 (1908), 21 (1911), 23 (1914), 25 (1921) et 29 rue d’Arsonval (1908), tandis que la maison au 1 rue d’Arsonval est due à Hyacinthe Couturier (1904). Le 16 rue d’Arsonval est édifié en 1908 par E. Wottling, architecte originaire de lorraine, pour l’artiste peintre et sculpteur régional Auguste Aridas, dont les œuvres ornent notamment les salons de la préfecture. Ancien élève de Dauban et de Gérôme, chef de file du style néo-pompéien, Auguste Aridas (1848-1929) arrive à Limoges en 1881 pour enseigner dans la division supérieure de dessin à l’école d’art décoratif, devenue nationale cette année-là (ex école municipale des beaux-arts). Le musée de l’évêché de Limoges dispose d’une quinzaine de peintures et de dessins de l’artiste. La maison comporte un atelier de peintre orienté au sud. Sur la façade, une niche abrite une urne en terre cuite.

dimanche 8 décembre 2013

Auzette (rue d')

Le chemin qui joignait les ponts Saint-Martial et Saint-Étienne est devenu la rue d’Auzette et la rue Henri-Dumont. L’Auzette est un affluent de la Vienne dans laquelle elle se jette, rive gauche, entre le Pont-Neuf et le pont Saint-Martial.

L’existence d’un moulin à farine, le moulin d’Auzette, est attestée dès la fin du XVIIIe siècle à l’actuel 41-45 rue d’Auzette. Détruit en 1837, il est remplacé par un moulin à kaolin. Des agrandissements sont réalisés en 1854 et 1862. En 1888, le site est acquis pour l’implantation d’une usine de traitement de poil animal destiné à la fabrication de feutre. En 1902, Léon Beaulieu, le nouveau propriétaire, procède à l’agrandissement des ateliers, puis à la construction d’un logement patronal en 1903, d’un nouvel atelier de fabrication en 1914 et enfin d’un bâtiment abritant des bureaux, un magasin industriel et un logement de contremaître en 1918. D’autres extensions ont lieu au début des années 1920. L’usine n’a plus de fonction productive à partir de 1935 environ : cette dernière est transférée à Nantiat, tandis que les ateliers de Limoges sont reconvertis en entrepôts industriels. L’usine de Nantiat ferme vers 1960, entraînant la fermeture du site de Limoges. Les ateliers de production sont rasés. Les bureaux et le logement de contremaître sont reconvertis en immeuble de logements.

Le logement patronal, témoin de durs conflits durant les grèves de 1905, abrite actuellement l’hôpital de jour du centre hospitalier Esquirol (crèche thérapeutique). Sa sobre façade de granite appareillé en mosaïque est rehaussée d’une riche ornementation en terre cuite : chaînes d’angle, métopes, encadrement des baies avec clés à feuilles d’acanthes, riche garniture avec rameaux de chêne autour de l’œil-de-bœuf… Ces éléments creux remplis au mortier proviennent d’une production industrielle qui fournit, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une décoration abordable et facile à poser.

Après la mise en service du pont Neuf en 1840, le quartier d’Auzette s’urbanise. Le val d’Auzette est divisé en parcelles et le ruisseau sert d’égout collecteur des eaux usées et déchets divers qui aboutissent à la Vienne. Devenue propriétaire des terrains, la ville aménage le parc d’Auzette, qui ouvre en 1982 : 31 000 m², de la Vienne à la route de Toulouse, où un tunnel permet de rejoindre le parc du Mas-Rome, qui remonte le cours de l’Auzette, jusqu’au parc du Bas-Fargeas, qu’on atteint en traversant la rue de Feytiat et qui s’arrête au niveau de l’A20.

L’école communale du Pont-Neuf, au niveau du 7 rue d’Auzette, ouvre provisoirement en 1877 dans des locaux existants, entre autres une ancienne usine de porcelaine. La construction des nouveaux bâtiments, qui peuvent accueillir 500 élèves, débute en 1881 sur les plans de l’architecte de la ville, Wottling. Le corps principal, parallèle à la rue d’Auzette, est flanqué de trois ailes, dont l’une occupée par l’école maternelle. Celle-ci ouvre en 1884 et l’école élémentaire pour filles et garçons en 1883.

samedi 7 décembre 2013

Bac (rue Théodore)

Tracée par la société immobilière du Crucifix, qui urbanise le quartier Carnot-Marceau à la fin du XIXe siècle, la rue Théodore-Bac est ouverte en 1881 pour relier la gare des Bénédictins à la place Carnot. Théodore Bac (Limoges, 14 avril 1809-Paris, 30 mai 1865), ancien élève du lycée Gay-Lussac, saint-simonien, avocat dans les années 1830-1840, maire de Limoges en 1848, député républicain de la Haute-Vienne sous la Seconde République (1848-1852), est contraint à l’exil par le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. A son retour, il se fait inscrire sur le tableau des avocats du barreau de Paris.

Les bâtiments de la rue sont de plusieurs époques et l’ensemble n’est pas homogène. Au 4 rue Théodore-Bac se trouve un immeuble signé Jean-Baptiste Blanc (1896), à l’angle de la rue du Général-du-Bessol, un édifice avec des sculptures et, au 51, la façade porte un décor de céramique. La distillerie artisanale Turin-Labidoire possède une entrée discrète 63 rue Théodore-Bac. Le 93 rue Théodore-Bac, de 1957, porte le nom de l’architecte Paul Villemain (1906-1993).

Au 43 rue Théodore-Bac, l’édifice, de facture classique, a pour originalité son décor de faïence. Le linteau des six ouvertures est souligné par un motif, entrelacs de feuilles d’acanthe terminés par une fleur, qui rappelle les bleus de Delft (il existe un exemple semblable au 22 rue des Tuilières). Sur la corniche est insérée une frise arabisante. Malgré la similitude de couleur, les styles de ces modèles, disponibles sur les catalogues de la manufacture Boulenger, sont très différents.

vendredi 6 décembre 2013

Banc-Léger (rue)

Cette rue, qui relie la place du Poids-Public à la place Haute-Vienne, se situait en dehors de l’enceinte jusqu’au premier quart du XIIIe siècle et ne faisait donc pas partie du quartier du Château. Son nom, qui viendrait de banlagier ou banclagier, habitant de la banlieue, est resté après la construction des remparts qui l’ont englobé (le boulevard Louis-Blanc est à l’emplacement des fossés).

Les Ursulines, qui se chargent de l’éducation des jeunes filles, s’installent en 1621 rue Banc-Léger, en face du jeu de paume. Leurs nouveaux bâtiments sont achevés en 1676. L’incendie du quartier des Pousses, en 1790, détruit leur maison et, dispersées pendant la Révolution, elles ne reviennent pas à Limoges. La rue Banc-Léger est redressée après l’incendie (l’immeuble au 17 rue Banc-Léger porte sa date de construction, 1791, sur l’imposte en fer forgé). C’est sur les ruines de la maison des Ursulines que sont bâtis les Bains chinois de M. Reix, en 1817. Ceux-ci sont démolis et remplacés par un immeuble d’habitation de conception moderne en 1961.

jeudi 5 décembre 2013

Bancs (place des)

La place des Bancs est intégrée à l’enceinte du Château au début du XIIIe siècle. A la même époque, la place du Marché devient la place du Vieux-Marché (place du Poids-Public) et la place des Bancs lui succède dans sa fonction commerçante. Les bouchers sont désormais tenus d’y vendre leur marchandise. Ils quittent les abords de l’étang de Palvézy et le faubourg Boucherie (rue Raspail et rue du Collège) et s’installent rue Torte, aujourd’hui rue de la Boucherie, à côté de la place des Bancs. Cette place servira longtemps de marché à la viande et au pain. Dans les dernières années du XVIe siècle, une halle est construite au-dessus des bancs charniers (ils sont à l’origine du nom de la place). En 1743, celle-ci est démolie par l’intendant Tourny (1730-1743), qui souhaite assainir le centre-ville. Pour embellir la place, qu’il renomme place Royale, il fait édifier une fontaine dont le trop-plein est conduit à la fontaine de l’hôpital en 1768.

La halle est remplacée par deux petites halles, rue du Canard (dans le quartier détruit du Verdurier) et rue Saut-de-Bœuf, qui ne satisfont ni les bouchers ni leurs clients et ne sont pas plus salubres. Les bouchers, qui n’ont pas le droit de faire commerce chez eux, profitent des troubles de la Révolution pour se soustraire à l’interdiction. Mais la place continue d’accueillir les étals des marchands. Lors du pavage de la place des Bancs en 1843, la fontaine est supprimée ; des bornes-fontaines, rue Jauvion et rue de la Loi lui sont substituées.

Quand le musicien russe Modeste Moussorgski compose en 1874 ses Tableaux d’une exposition, il s’inspire des toiles de son ami décédé, le peintre Victor Hartmann, qui est passé par Limoges vers 1860 et a peint la place des Bancs. Le Marché de Limoges est la septième des dix pièces de cette suite pour piano, orchestrée par Maurice Ravel en 1922 et l’une des plus célèbres avec La Grande Porte de Kiev.

Autour de la place, agrandie au XXe siècle, se côtoient des bâtiments datant de plusieurs époques, du Moyen Age au XXe siècle, dont certains réservent des surprises, comme la quincaillerie Cubertafond au 3 place des Bancs, au fond de laquelle se cache une salle voûtée médiévale.

A la Révolution, les Girondins, avec leur chef de file Vergniaud, fréquentaient, dans l’ancienne maison Marmignon (XIVe siècle), un café, qui ne s’appelait pas encore Café des Girondins (il portera ce nom à partir de 1847). L’édifice est démoli puis reconstruit entre 1914 et 1918 par l’architecte Claude Lamargue. Certains éléments de l’ancienne façade sont intégrés à la nouvelle : les trois arcs brisés incorporés dans le mur du premier étage et les modillons soutenant le bandeau séparant le rez-de-chaussée de l’étage. Le café tel qu’il est aujourd’hui date de la reconstruction de l’immeuble et sa décoration n’a pas bougé depuis 1918. Acheté en 1937 par Mme Lazare, l’établissement, qui a pris le nom de Café 1900, 12 place des Bancs, a été revendu par sa belle-fille en 2005.

L’ancienne pharmacie Brunot, 22-24 place des Bancs, se signale par le caducée d’Hygie qui orne sa façade. La présence d’une pharmacie à cet emplacement est attestée dès le milieu du XIXe siècle. Elle doit sa réputation à son troisième propriétaire, Joseph Brunot, né le 23 avril 1847 à Estivaux en Corrèze. Après avoir fait ses études au Lycée Gay-Lussac, devenu pharmacien, il se fixe à Limoges en 1897. Initialement, l’établissement se limitait au local du 22, puis les 22 et 24 sont réunis par des ouvertures pratiquées dans les murs mitoyens. Après son décès, en 1906, la pharmacie est rachetée par Lydie-Marguerite Bacarisse, née Lambert, épouse de Gabriel-Henri Bacarisse, préparateur en pharmacie. D’après le catalogue, édité en 1908, « la Grande Pharmacie Régionale J. Brunot exécutait 80 000 ordonnances par an en 1906-1907 ». « Aucune ne sert mieux, toutes vendent plus cher », assurait son slogan, présent sur de nombreux supports publicitaires. La pharmacie « Brunot-L. Bacarisse-Lambert successeur », qui possède aussi un laboratoire d’analyses chimiques et bactériologiques, est cédée vers 1935 à Bernard Dussoubs, pharmacien de la Faculté de Paris, qui y exerce jusqu’à son décès en 1975 en pérennisant le nom de Brunot. Les successeurs de B. Dussoubs sont Mme Pellerin (1975-1981) et M. Orabona, titulaire jusqu’en 2013. L’immeuble est en cours de restauration.


D’un style Art déco qui dénote avec le reste de l’immeuble d’aspect médiéval, la vitrine de l’ancienne boutique Lecomte-Chaulet, 19 place des Bancs, date de 1935. Au sol, les mosaïques dessinent son nom en noir sur fond jaune et, sur le trottoir, en bleu. Sur l’auvent massif, les petits carreaux sont or et noir. Des vitraux ocres et bruns surmontent la devanture avec ses deux entrées en renfoncement et le plafond porte des motifs floraux typiques de l’époque.

mercredi 4 décembre 2013

Barbès (rue Armand)

Le chemin de Plaisance est ouvert en 1865 sur les terrains provenant du démembrement de la propriété de Plaisance, résidence entourée de plus d’un hectare de terrain en bordure du cours Gay-Lussac et appartenant à Mme Adam. Seule une partie de la rue Armand-Barbès actuelle portait ce nom (du cours Gay-Lussac à la rue de Châteauroux).

La société immobilière du Crucifix s’était engagée en 1864 à créer un quartier sur des terrains compris entre la route de Paris (avenue du Général-Leclerc), la rue du Chinchauvaud, le Champ de Juillet, le cours Gay-Lussac et l’avenue du Crucifix (Garibaldi). Le plan, qui prévoyait une place avec église et fontaine, est modifié suite au projet de construction de la caserne Marceau ; des rues prévues sont supprimées, d’autres sont déviées par rapport au plan initial. La Société immobilière est à l’origine de la rue Théodore-Bac, l’avenue de Turenne, la rue de la Souterraine, une partie des rues Hoche, Armand-Barbès, de Belfort, d’Argenton, Charpentier…

La caserne du Crucifix (Marceau), 64 rue Armand-Barbès, est construite entre 1875 et 1877 pour accueillir le 21e régiment de chasseurs à cheval. Issue d’une vague d’édification de casernes (elles occupaient auparavant d’anciens bâtiments religieux), sa construction fait suite à celle de l’hôtel de commandement en 1861-1869 et précède celle des casernes Beaublanc (1877) et Beaupuy, en 1885. Libérés par l’Armée en 2011, ses 43 000 m² sont devenus propriété de la Ville de Limoges pour 1 € symbolique. Devant, la place Marceau est l’ancienne place de la Société-Immobilière.

Un peu plus haut dans la rue, le manège de cavalerie de Montrouge, de 1876, servait aux soldats de la caserne Marceau. Devenu garage et entrepôt militaire, il a été vendu début 2010 pour 1 € symbolique à la Ville de Limoges. En 2013, l’office HLM y aménage 37 logements labellisés BBC (les façades sont conservées).

En 1881, la rue de Plaisance devient la rue Denis-Dussoubs et, en 1883, un accord permet son achèvement entre la rue de Châteauroux et la caserne. Le 29 mars 1882, elle prend le nom d’Armand-Barbès (1809-1870), homme politique guadeloupéen emprisonné en 1839 à la suite d’une tentative d’insurrection républicaine contre Louis-Philippe et libéré à la révolution de 1848 ; arrêté après le 15 mai 1848, il est relâché en 1854 et s’exile en Hollande jusqu’à sa mort. Le même jour est décidé le prolongement de la rue Armand-Barbès jusqu’à la route de Paris (avenue du Général-Leclerc) ; il est achevé vers 1895. La jonction se fait au niveau de l’école communale Léon-Berland, ancienne école communale de la Société immobilière, école maternelle et élémentaire publique. Il faudra au final plus de quarante ans pour que la rue présente pratiquement l’aspect que nous lui connaissons.

En 1886, Léon Léonard Lescuras, distillateur rue du Temple depuis le début des années 1880, fait édifier au 76-78 rue Armand-Barbès une distillerie, des chais, des magasins industriels, ainsi qu’un logement patronal. Lui succède Duché en 1901, puis Chaumanet en 1904. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le site est acquis par l’usine de chaussures Pénicaut Lionet et Compagnie : les bâtiments sont détruits, à l’exception du logement patronal et de magasins industriels en bordure de la rue Gouffier-de-Lastours. En 1921, de nouveaux ateliers de fabrication sont construits, ouverts sur les rues de Fontaury et Armand-Barbès. En 1938, la société Pénicaut Lionet et Cie est remplacée par l’imprimerie Brégéras, laquelle quitte le site dès 1948 pour s’installer rue Cruveilher. Les locaux sont alors repris par l’entreprise Perfecta, spécialisée dans la fabrication de formes de chaussures en bois et de galoches. Les ateliers sont transformés à cette occasion. L’usine est probablement fermée au cours des années 1970. Une salle de gymnastique, danse et relaxation, les entrepôts de la fondation Emmaüs, ainsi que des logements sont implantés aujourd’hui dans ces immeubles.

En 1898, l’architecte J.-B. Chabrefy érige, au 23 rue Armand-Barbès, une demeure bourgeoise qui compte parmi ses premières réalisations. La façade élevée sur trois niveaux est ponctuée de plusieurs ornements de faïence. Treize carreaux similaires sur les quinze originels sont alignés sous la corniche. Il s’agit de croix fleurdelisées au ton crème sur un cercle pourpre encadrées d’un bleu turquoise, motifs fréquents dans la céramique architecturale industrielle. Le panneau qui orne la corniche des balcons présente un élément central en pointe de diamant encadré par deux motifs floraux stylisés. Il porte la mention « H-B et Cie Choisy-le-Roi », preuve du rayonnement des grands fabricants industriels, comme Boulenger, dont il s’agit ici.

Dans la rue, de nombreux autres bâtiments portent la signature de leur architecte : 18 rue Armand-Barbès (E. Wottling, 1894), 27 (Mariaud, 1898), 28 ter (Mariaud, 1901), 29-31 (F. Nouger, 1897), 34 (F. Nouger, 1895)…

mardi 3 décembre 2013

Barreyrrette (place de la)

Cette place entourée de bâtiments à pans de bois, réaménagée par la ville en 1994, est située dans le quartier de la boucherie, à l’arrière des maisons de bouchers. Elle était divisée en enclos par des barrières (barreyrrettas) où étaient parqués les animaux avant l’abattage, jusqu’à la construction d’un abattoir municipal en 1832. Au centre se dresse un mégalithe qui évoque celui, très ancien, qui marquait jusqu’au XVe siècle la limite de la juridiction de l’abbaye de Saint-Martial (il a donné son nom à la rue Pierre-au-Bois toute proche).

lundi 2 décembre 2013

Baudelaire (rue Charles)

La voie romaine appelée via Agrippa permettait de relier Lyon (par Saint-Priest-Taurion et Sauviat-sur-Vige) à Saintes (par Angoulême). A Limoges, elle prenait l’itinéraire suivant : rue Courteline et Baudelaire, place Denis-Dussoubs, rue Louvrier-de-Lajolais, champ de foire (place Winston-Churchill), place des Carmes et rue Armand-Dutreix.

La rue qui nous intéresse portait le nom de Prépapaud, qui lui venait de pré Papaud. Papaud était un surnom de boucher assez répandu ; celui qui a l’a laissé à la postérité faisait paître ses bêtes dans un pré qui s’étendait entre la rue des Vénitiens et du boulevard de la Pyramide (Carnot). Dans les années 1930, la rue Prépapaud est connue pour ses maisons closes. En 1946, année où la loi Marthe Richard impose leur fermeture, elle prend, non sans humour, le nom de Charles Baudelaire, auteur des Fleurs du mal et de Georges Courteline. Empruntée autrefois notamment par les pèlerins, elle abritait des activités de prostitution depuis au moins deux cents ans. Des bâtiments ayant servi de maisons closes ont été détruits depuis.

dimanche 1 décembre 2013

Baudin (avenue)

Ouverte en 1848, la nouvelle route d’Aixe prend, le 10 octobre 1888, le nom de Jean-Baptiste Baudin, né en 1811, médecin, député de l’Ain, mort en défendant la République lors du coup d’Etat de 1851. L’avenue débute devant l’hôtel de Ville, descend en direction du sud-ouest et rejoint les bords de la Vienne jusqu’à atteindre la route de Périgueux. La bourgeoisie, soucieuse de s’éloigner du centre-ville insalubre, s’installe le long de ce nouvel axe. Sur certains bâtiments figure le nom de leur architecte : 51-53 avenue Baudin (Vergez, 1883), 107 (Chabrefy, 1898) , 244-246 (Couturier, 1907). Au 75 avenue Baudin, la façade est décorée de céramique. De nombreuses usines se fixent dans la partie basse de l’avenue, à proximité de la Vienne, mais également plus haut, comme l’imprimerie Lavauzelle, qui était au 62 avenue Baudin.

La Bibliothèque francophone multimédia s’établit en 1998 à l’emplacement de l’hôpital général, construit en 1661 et désaffecté en 1976 avec l’ouverture du CHU. Certains bâtiments de l’hôpital ont été sauvegardés, comme le montre la façade rue Louis-Longequeue.

Face à médiathèque, à l’emplacement de la station-service (4 avenue Baudin), se tenait une institution appelée le Refuge, créé en 1683 pour les prostituées. Elles étaient auparavant enfermées avec les mendiants à l’hôpital général, ce qui n’était pas sans poser des problèmes de promiscuité. Au refuge des filles repenties ou maison de correction de la Madeleine, les sœurs de Saint-Alexis se chargent de leur « réhabilitation » en leur faisant filer la laine, puis le coton. La discipline est sévère et les humiliations courantes. Les femmes internées ne sont pas toujours des prostituées ; considérées comme gênantes par des membres de leur famille, victimes d’histoires de captation d’héritage, etc., les lettres de cachet suffisent à les faire enfermer pour une durée plus ou moins longue. En 1791, le Refuge devient maison de bienfaisance pour les filles et veuves enceintes, puis il est fermé et démoli en 1802, car il tombe en ruine.

Au 55-57 avenue Baudin, dans les locaux construits vers 1909 par François Texier, marchand de vin, la société Clin et Russe implante à l’issue de la Première Guerre mondiale une usine de chaussures. En 1922, de nouveaux ateliers et des bureaux sont édifiés. En 1934, Victor Russe acquiert les bâtiments. Il commercialise sa production dans les années 1950 sous la marque L’Auréole. L’usine ferme au milieu des années 1960. A droite se trouvent les ateliers de fabrication avec les bureaux à l’arrière, à gauche la conciergerie. Entre les deux, l’entrée de l’usine est cantonnée de deux pilastres en granite. Les locaux sont actuellement occupés par les bureaux et le dépôt de la société Dutreix-Schindler, spécialisée dans l’installation et l’entretien d’ascenseurs.

En 1888, les docteurs François Chénieux et Justin Lemaistre, chirurgiens, fondent la première clinique privée du Limousin dans une maison particulière avec jardin, propriété de M. Descazals. Construite dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle se situait 27 nouvelle route d’Aixe, aujourd’hui 83 avenue Baudin. La clinique Chénieux déménage en 1897 au 43 avenue de la Révolution où elle reste jusqu’en 2008, date à laquelle elle transfère ses activités sur le site de Saint-Lazare.

Aujourd’hui Direction de la propreté de Limoges métropole, l’hôtel Monteux, 88 avenue Baudin, est construit en 1903-1904 par les architectes Menissier et Rocher, déjà auteurs de l’usine de chaussures Monteux, rue de Châteauroux. Vendu par Maurice Monteux, l’édifice est témoin de la construction, au cœur du parc, de la tour du BTP de Limoges, centre régional du bâtiment et des travaux publics (86 avenue Baudin). Inaugurée en 1972, elle a pour architectes Marcel Rauby (Bellac, 17 juin 1910-Limoges, 29 septembre 1997) et Léonard Soriano.

En 1889, Charles-Alfred Clément fait construire, 89-91 avenue Baudin, des ateliers où il implante une usine de confection spécialisée dans la fabrication de corsets. L’année suivante s’achève la construction du logement patronal, dont la travée centrale porte à l’étage un balcon en fer forgé. En juin 1895, les femmes qui forment l’essentiel du personnel débutent une grève de 108 jours, pour s’opposer aux règlements imposés par M. et Mme Clément. L’usine, exploitée sous la raison sociale G. Clément depuis 1944, ferme ses portes à la fin des années 1960. Les ateliers, transformés en immeuble de bureaux, abritent aujourd’hui le cabinet d’études en environnement Gaudriot-Cetec. Les ateliers sont constitués de deux corps de bâtiment accolés : le premier avec une façade sur rue en pierre de taille en granite et le second, dans le prolongement du premier. Les murs sur cour sont en briques polychromes formant des motifs géométriques (losanges) au-dessus des soubassements.

En 1887, l’architecte Vergez élève, 115 avenue Baudin, en léger retrait de la rue, une demeure de style néoclassique, qui se distingue par l’entablement soutenu par des colonnes corinthiennes semi-engagées et l’ouverture à fronton au deuxième étage. L’harmonie du bâtiment est confortée par l’unité des couleurs et du décor de faïence : la rosace encadrée d’un filet noir qui se détache sur fond bleu sur les deux panneaux en extrémité, le cartouche au centre qui accueille cinq carreaux avec croix lobées et l’autre cartouche portant la date de construction qui souligne la lucarne.

Cet ensemble, 140-148 avenue Baudin, est composé de quatre immeubles similaires et d’une villa. Les immeubles, d’une remarquable symétrie, sont rehaussés de décors céramiques tels une frise en damier et des cabochons ponctuant la façade. En relief, ces derniers sont insérés dans un cartouche blanc en forme de losange et représentent, sur un fond orangé cerné de bleu, une feuille de chardon enroulée autour d’un clou.


La blanchisserie industrielle Baron, fondée vers 1855, 208 avenue Baudin, est acquise dans les années 1870 par Henry Maine. En 1884, ce dernier édifie un logement patronal et, dans les années 1890, agrandit son établissement. Son successeur, Gabriel-François-Xavier Maine, construit de nouveaux ateliers dans les années 1920, en contrebas du logement patronal, ainsi qu’un château d’eau en béton armé en 1935. Paul Maine reprend l’affaire à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1984, l’usine est acquise par le groupe industriel Elis. Le logement patronal est reconverti en bureaux (trois baies de l’une des pièces du rez-de-chaussée ont conservé des vitraux à motifs animaliers et végétaux). Il est accolés aux deux plus anciens ateliers, probablement de la seconde moitié du XIXe siècle.

En 1898, Louis Patry, propriétaire depuis 1856 d’une tannerie (détruite) installée à une cinquantaine de mètres en bordure de la Vienne, édifie des magasins et entrepôts industriels, 230 avenue Baudin. Ses fils Lucien (dit Léonce) et Louis (dit Eugène), qui forment depuis 1907 la société Patry frères, détruisent les bâtiments pour en édifier de plus vastes en 1910. Ces derniers abritent alors les magasins et entrepôts industriels, ainsi que les bureaux de la tannerie. Vers 1946, les bâtiments sont repris par une usine de tissage, les frères Patry implantant leur tannerie sur la commune voisine d’Isle. Ils conservent leur entrepôts et bureaux de l’avenue Baudin jusqu’à la fin des années 1950, date à laquelle les bâtiments sont reconvertis en garage de réparation de camions Berliet et, depuis 1968, en garage de réparation automobile spécialisée dans les pneumatiques.

Les entrepôts, magasins et bureaux sont composés de quatre halles accolées en pierre de taille en granite, moellon de granite et pierre de taille en calcaire. La façade est formée de quatre pignons de deux types différents qui alternent : le premier type de pignon, dont celui de l’entrée principale, est percé d’une grande ouverture, sur toute la hauteur de l’édifice, couverte en plein cintre. Le pignon de l’entrée principale est de plus surmonté d’une table d’attente coiffée d’un fronton brisé. Le deuxième type de pignon est percé de trois baies rectangulaires au rez-de-chaussée et trois baies couvertes en plein cintre à l’étage (dont une grande baie centrale).

Le 271 avenue Baudin est en bord de Vienne. Au moulin à farine appelé moulin Pabot, attesté au XIVe siècle, est adjoint en 1788, par Louis Naurissart, directeur de la monnaie de Limoges, un laminoir pour l’or, l’argent et le cuivre. Le site prend alors l’appellation de moulin de la Monnaie. Propriétaire depuis 1805, Martial Parant, nouveau directeur de la monnaie, transforme le laminoir en forge anglaise en 1825. En 1837, son successeur, Alexandre Parant, reconvertit partiellement la forge en minoterie. La forge subsiste en partie jusqu’au milieu des années 1840. Alexandre puis Jules Parant Léobon établissent en 1854 une usine de porcelaine qui fonctionne jusqu’en 1887 aux côtés de la minoterie et installent une usine de préparation de produit minéral pour le kaolin à la veille des années 1870. De 1911 à 1942, une blanchisserie industrielle est exploitée dans les anciens séchoirs à kaolin. La préparation de kaolin et la fabrication de porcelaine sont reprises par M. Radiguet en 1918 (usine de Beaumoulin), activités auxquelles succède la mégisserie Meyer vers 1922, puis, à partir de 1945, une usine de meubles pour quelques années seulement. Actuellement, le site accueille un commerce, une boîte de nuit et une habitation.

samedi 30 novembre 2013

Belfort (rue de)

La rue de Belfort fait partie des rues ouvertes par la société immobilière du Crucifix dans le quartier Carnot-Marceau, suite à un engagement pris en 1864. Elle est ensuite prolongée pour atteindre la rue de la Passerelle. Son nom, qui lui est donné le 18 août 1880, perpétue le souvenir de la résistance héroïque que cette ville opposa aux Prussiens pendant la guerre de 1870.

A l’angle de la rue Armand-Barbès, les murs extérieurs du manège de cavalerie de Montrouge, manège militaire de la caserne Marceau, datant de 1876, ont été intégrés à la construction de logements sociaux.

En 1885, Aimé Boulle, distillateur à Limoges depuis le début des années 1870, fait édifier, 52-56 rue de Belfort, un logement patronal et une distillerie qu’il exploite sous la raison sociale Aimé Boulle et fils, puis, à partir de 1899, sous celle de Société française de la grande distillerie du Centre. L’entreprise est alors dirigée par M. Villegoureix. De 1906 à 1944, le directeur est M. Delage, puis, à la fin des années 1940, Jean-Marie Turin, propriétaire de l’établissement. Après la reprise de la distillerie en 1982 par le fils et le petit-fils de Henry Nouhaud (qui avait acquis en 1936 la partie ouest des locaux et procédé à la construction de nouveaux chais), un vaste hangar est construit dans la cour. Parallèlement à leur commerce de vins et spiritueux, ils relancent l’activité de la distillerie, qui était la dernière de la ville, alors que pendant près de deux siècles, de 1780 à 1930, la présence permanente de plusieurs dizaines de distilleries avaient valu à Limoges la réputation de ville des distilleries. A ses productions traditionnelles telles que la Sève Centrale ou le pastis Panazô, s’ajoutent au cours des années 1980 de nouveaux produits, comme la liqueur de châtaigne.

Le 45 rue Hoche, daté de 1893, abritait la maison de la musique, transférée en 1995 au 42 rue de Châteauroux, dans l’ancienne école primaire fermée en 1994. Il est, depuis, le siège de la fanfare des Gueules Sèches.

vendredi 29 novembre 2013

Bénédictins (avenue des)

C’est l’intendant Aubert de Tourny (1730-1743) qui trace les allées de Tourny (avenue des Bénédictins), plantées d’arbres ; elles descendent de la place qu’il a également créée (actuelle place Jourdan). Il souhaite faire passer la route de Lyon à Saintes (via Saint-Priest-Taurion) par la rue Lansecot, la rue du Consulat, les allées de Tourny et le faubourg des Casseaux (rue Donzelot). Mais c’est par les boulevards et le pont Saint-Étienne que passera l’itinéraire. Au bout des allées de Tourny se tenait l’église Saint-Christophe et, juste derrière, le monastère des Bénédictins, qui a donné son nom actuel à la voie ; à gauche, au début de l’avenue, se trouvait l’église Saint-Paul.

L’évêque Rorice Ier (†507) fait bâtir l’église Saint-Augustin à la fin du Ve siècle. Détruite au VIIIe, elle est relevée à partir de 935 par l’évêque Turpion, qui fonde un monastère bénédictin (règle de saint Benoît). De nouveaux édifices sont réalisés en 1614 à l’aide de pierres de l’ancien cimetière aménagé le long de l’église. L’abbaye est désignée à partir du XVIIe siècle sous le vocable de ses derniers occupants, les Bénédictins. Après la fermeture de l’église en 1791, le monastère des Bénédictins est acheté par la chanoinesse de Brettes pour ouvrir un pensionnat de demoiselles, puis, en 1810, par l’Etat, pour y établir la maison centrale de détention (Madame de Brettes déménage son institution aux Feuillants). La maison d’arrêt est, quant à elle, au couvent de la Visitation, jusqu’à l’entrée en fonction des nouveaux locaux construits, en 1856, place Winston-Churchill. En 1871, la maison centrale est transformée en caserne, puis, désaffectée, elle est démolie en 1950, lors du percement de l’avenue Jean-Gagnant, prolongement de l’avenue des Bénédictins jusqu’au faubourg des Casseaux (actuelle avenue des Casseaux).

L’église Saint-Christophe était placée un peu en avant des Bénédictins, juste après le chemin des Casseaux (rue Donzelot). Dernière église fermée au culte, en 1792, elle est démolie de 1811 à 1820, lors de la construction de la maison centrale de détention à l’emplacement de l’abbaye Saint-Augustin.

Dans la rue des Pénitents-Blancs, ancien chemin du Rosaire, se trouvait l’église Saint-Julien, érigée par un successeur des Rorice, où les pénitents blancs, autorisés en 1604, installent leur tribune. A la Révolution, elle devient la propriété d’un particulier. Son emplacement est acheté plus tard par les sœurs de Marie-Thérèse : il devient le couvent du Bon-Pasteur, ouvert en 1841 pour les filles repenties (condamnées de moins de 16 ans) et l’église est remplacée par une chapelle. Aujourd’hui, c’est une maison de retraite (19 rue des Pénitents-Blancs) et, au 5, dans la chapelle ornée de vitraux de Chigot, le Comptoir des chemises et accessoires.

L’évêque Rorice II (°507-†553) fait bâtir l’église Saint-Paul, dans le cimetière de laquelle seront enterrés saint Ferréol et saint Asclèpe, évêques de Limoges respectivement à la fin du VIe et au début du VIIe siècle. L’église est détruite au VIIIe siècle et rebâtie au XIIIe. Les pénitents bleus y installent leur tribune en 1604 ; ils y restent encore quelque temps après 1791 (les confréries sont supprimées en 1792). Ensuite, elle est transformée en teinturerie, puis démolie. Le tunnel de la ligne de Périgueux s’ouvre aujourd’hui au-dessous de son emplacement (à l’angle de l’avenue Charles-de-Gaulle et des Bénédictins).

En face s’étendait la manufacture Laforest. Les frères Laforest, Louis et Guy, installent d’abord leur filature de coton (siamoises) rue Banc-Léger. Devenue manufacture royale en 1743, elle obtient le monopole pour vingt ans de la fabrication des cotonnades à Limoges et dans un rayon de quatre-vingt kilomètres. L’activité est transférée actuel 14 place Jourdan en 1745. Les privilèges sont renouvelés à Pierre Laforest en 1783. La manufacture s’arrête dans les années 1810. En 1898, la partie nord est acquise et détruite par Henri-Charles Lavauzelle, qui dirige une imprimerie avenue Baudin. Il fait appel à l’architecte Vergez pour édifier un entrepôt et magasin de commerce. C’est aujourd’hui une agence bancaire, après avoir été le cinéma Le Colisée. Le reste de la manufacture Laforest est démoli en 2005 pour construire l’immeuble administratif Le Pastel.

La physionomie de la rue a beaucoup évolué depuis le XIXe siècle. Aujourd’hui, les immeubles sont de plusieurs époques et l’ensemble n’est pas très homogène. Parmi eux, le 35 avenue des Bénédictins (Mariaud, 1898) et le 41, immeuble ayant abrité l’atelier du peintre officiel de la Marine Jean-Louis Paguenaud (Coussac-Bonneval, 1876-Limoges, 1952), auteur d’un triptyque représentant des paysages ferroviaires qui décorait à l’origine le buffet de la gare.

jeudi 28 novembre 2013

Berthet (rue Elie)

Les rues Montant-Manigne et Andeix-Manigne deviennent, le 10 septembre 1896, la rue Elie-Berthet, du nom d’un prolifique littérateur et feuilletoniste au journal Le Siècle, inventeur de nouveaux genres littéraires, comme le roman préhistorique, né à Limoges le 8 juin 1815 (†3 février 1891 à Paris). Cette rue du quartier du Château, qui descend de la place des Bancs, se situait hors des remparts avant le XIIIe siècle.

L’andeix de Manigne était placé rue Manigne (rue Charles-Michels), à la rencontre des rues Manigne, Montant-Manigne et Andeix-Manigne. Un andeix est un point de jonction et de répartition des eaux sur lequel il était interdit de construire des maisons. Sur les andeix s’installent des petits marchés où l’on vend des légumes ; celui de Manigne est mentionné dès le XIIIe siècle. Trois barres de fer sont fixées sur la croix centrale de l’andeix en 1535. Une murette en forme de triangle l’entoure (et sert d’étal). Incommodant la rue, elle est défaite en 1631. Les fers qui soutiennent la croix étant rouillés, elle est retirée en 1786.

Certains bâtiments qui bordent la rue remontent au XVIIIe siècle. Parfois, la date de construction figure sur l’imposte en fer forgé au-dessus de la porte : 16 rue Elie-Berthet (1734) et 31 (1791). Au 18-20 rue Elie-Berthet, la façade porte la date de 1733 dans un cartouche inscrit à l’intérieur des frontons triangulaires du premier étage, ainsi que des décors de pot à feu garni de fleurs en relief. C’est la maison natale d’Emile Montégut, né à Limoges le 23 juin 1825 (†11 décembre 1895 à Paris), ancien élève du lycée Gay-Lussac, essayiste, journaliste et critique (Revue des deux Mondes), traducteur entre autres de Shakespeare.

mercredi 27 novembre 2013

Beyrand (rue)

La rue Beyrand est un ancien chemin rural viabilisé qui se prolongeait par la rue du Lavoir. Il a été coupé par l’ouverture de la rue de Châteauroux et détourné par la construction du groupe scolaire, 42 rue de Châteauroux, aujourd’hui école de musique et harmonie municipale de Limoges. Le nom de la rue, qui rend hommage à Martial Beyrand, général de brigade né à Limoges le 9 septembre 1768 et tué lors de la bataille de Castiglione en 1796, lui a été donné le 18 août 1880. Située entre le cours Gay-Lussac et la rue de Châteauroux, dans un quartier qui s’est urbanisé à la fin du XIXe siècle, elle était bordée par plusieurs usines de chaussures.

La rue passe à côté d’un hôtel particulier qui a son entrée 46 bis cours Gay-Lussac. En 1914, il servait de trésorerie générale, puis a appartenu au fabricant de chaussures Heyraud dans les années 1920. Depuis 1998, c’est une agence immobilière.

Plus haut, 20 rue Beyrand, la façade de l’ancien gymnase édifié sur les plans de l’architecte Vergez en 1881-1890, en moellon de pierre enduit et pierre de taille en calcaire, est percée de trois baies couvertes en plein cintre. La baie centrale est surmontée des armoiries de la ville de Limoges, d’une table portant l’inscription « Société de gymnastique et de tir de Limoges », d’un fronton cintré brisé et d’un oculus. Il était intégré à l’ancienne usine de chaussures Gaston Monteux et compagnie, 23 rue de Châteauroux, bâtie en 1901 par les architectes Ménissier et Rocher. Aujourd’hui les locaux abritent le Service des archives médicales et hospitalières des armées.

Les ateliers de la société G. Monteux et Compagnie ont été remplacés par les bâtiments des services régionaux de l’INSEE, érigés en 1982, hormis ceux du 50 avenue Garibaldi, qui ont été conservés. Ils avaient été construits à partir d’octobre 1902 par les architectes Ménissier et Rocher. Gaston Monteux occupait aussi, depuis 1901, l’usine de l’autre côté de la rue (20 rue Beyrand), plus vaste. L’entreprise Monteux, la plus importante fabrique de chaussures de Limoges, ferme en 1933, touchée entre autres par la concurrence de Bata.

Au 21 rue Beyrand se trouve l’arrière de l’usine de chaussures Beaulieu et Lalet. En 1908, Bernard Beaulieu acquiert des locaux construits dans les années 1850, qu’il transforme en ateliers pour la fabrication de tiges de chaussures. La même année, un autre fabricant de tiges de chaussures, Louis Lalet, s’installe également sur le site. Après sa fermeture postérieure à 1970, le site accueille plusieurs activités, avant d’être réhabilité en logements.

mardi 26 novembre 2013

Blanc (boulevard Louis)

Limite ouest de l’entre-deux-villes, zone située entre le Château et la Cité, ce boulevard portait le nom de boulevard de la Promenade (de la place Wilson à la place Manigne) et de boulevard Saint-Gérald (de la place Manigne à la place Léon-Betoulle). En 1883, il prend celui du journaliste socialiste Louis Blanc (1811-1882). Comme les autres boulevards du Château, il est établi sur les fossés des remparts du XIIIe siècle sous l’intendance de Turgot (1761-1774). Entre 1765 et 1773, les portes sont démolies, dont la porte Manigne, qui s’ouvrait sur la rue Manigne (rue Charles-Michels), au niveau de la place Manigne, où se tenait un marché au vin. Les murailles, qui s’écroulent depuis longtemps déjà, ne sont pas systématiquement abattues, car les particuliers y adossent souvent leurs demeures. Les tours sont arasées en 1770 à la hauteur des murailles. Le comblement des fossés est achevé la même année.

Les travaux du tunnel ferroviaire de la ligne de Limoges à Périgueux (1858-1860) permettent à Limoges de ne plus être le terminus de la ligne venant de Paris. Le tunnel est creusé à ciel ouvert au niveau de la place Tourny (Jourdan) et du boulevard de Fleurus, puis percé sous le boulevard Louis-Blanc et l’hôpital (BFM) ; il ressort au début de la rue de la Croix-Verte.

Le côté impair du boulevard présente surtout des immeubles antérieurs à 1864 avec façade en bois et torchis couverts d’un enduit au-dessus du rez-de-chaussée et quelques autres avec des façades en pierre : 9, 29 et 31 boulevard Louis-Blanc (Petit palais Louis-Blanc, architecte J.-B. Blanc, 1900 environ).


Le boulevard Louis-Blanc est également bordé de nombreux bâtiments de style Art déco, notamment à la périphérie de l’ancien quartier du Verdurier, entre la place Wilson et l’avenue Jean-Jaurès. Ce style se développe des années 1910 aux années 1950 et utilise le béton apparent en façade.

En effet, durant la Première Guerre mondiale, de très nombreux artisans du bâtiment perdent la vie dans les tranchées. Après la guerre, les villes sont dévastées, il faut reconstruire, mais il n’y a plus de main-d’œuvre compétente. Le développement du béton armé permet de confier la reconstruction à des ouvriers sans qualification. La décoration pose le même problème. C’est pour cette raison que le style Art déco reprend les motifs Art nouveau (fleurs, fruits), mais avec des formes géométriques plus faciles à exécuter. Les garde-corps et les décors de portes ne sont plus des modèles uniques, mais des éléments manufacturés. Les façades sont souvent agrémentées de bow-windows (oriels).

Parmi les bâtiments élevés à cette époque, le 2 boulevard Louis-Blanc (Geay, 1928), cinq immeubles de Joseph Laval, les 4 (1923), 6 (1927), 8 (1935), 10 (1929) et 12 boulevard Louis-Blanc (1932). Signé par l’architecte M. Moreau en 1935, l’immeuble d’habitation de l’Automobile Club Limousin, 33 boulevard Louis-Blanc, à l’angle de la place Léon-Betoulle, possède de beaux motifs floraux dans une frise continue du 5e étage.

lundi 25 novembre 2013

Blanc (rue Jean-Baptiste)

Le chemin du Petit-Tour est un ancien chemin qui reliait la place des Carmes à Montjovis. Son tracé se retrouve aujourd’hui dans les rues du Petit-Tour, Soufflot, Sainte-Beuve, Stendhal et Jean-Baptiste-Blanc. Jean-Baptiste Blanc (Saint-Léonard-de-Noblat, 1864-Limoges, 1931), ingénieur civil et architecte, a réalisé à Limoges, entre autres, le théâtre de l’Union (1911). Il est aussi conseiller municipal de Limoges de 1912 à 1919.

En 994, une épidémie d’ergotisme fait rage et sème la terreur dans la cité et les alentours. Dû à l’ergot de seigle, champignon parasite qui envahit les céréales, il conduit à de nombreux décès dans la population. Il est aussi appelé mal des ardents, à cause de la sensation de brûlure qu’il occasionne dans les membres des malades, liée à une vasoconstriction qui engendre une gangrène sèche. La maladie provoque aussi des hallucinations. Le 12 novembre 994, les moines organisent un grand rassemblement à Montjovis autour des reliques des saints (dont saint Martial). L’épidémie cesse, comme par miracle. Les ostensions, manifestations religieuses avec procession des reliques et des pénitents de la cité, organisées à Limoges depuis cette date, rappellent ce pèlerinage. Depuis 1519, elles sont septennales.

Au Xe siècle, une église dédiée à saint Martial est bâtie sur l’îlot formé par les rues de l’Ermitage, du Désert et Jean-Baptiste-Blanc, où a eu lieu le miracle. Le portail principal s’ouvrait à l’ouest, rue Jean-Baptiste-Blanc. La tribune des Pénitents Feuille-Morte, confrérie fondée en 1615, dont le nom vient de la couleur de leur costume, se tenait contre le mur nord de l’église. Le cimetière était à la place du parc de la maison (42 rue Jean-Baptiste Blanc) et du mémorial. L’église Saint-Martial-de-Montjovis est vendue en 1793 à un certain Vergnaud. Une maison est construite à l’emplacement de l’église sur cette parcelle qui passe ensuite entre les mains d’un certain nombre de propriétaires.

Rachetée par M. Gardien (entrepreneur en pierre et marbre sculptés), elle est remplacée en 1880 par la villa du Petit-Tour, sur les plans de l’architecte Bouchemousse. C’est une maison bourgeoise ornée de sculptures de Gardien, avec des motifs de feuilles d’acanthe, têtes de lions et figures humaines au niveau des linteaux et des consoles. Devant, il ajoute des colonnes torses qu’il a récupérées lors de la démolition du couvent des Feuillants en 1865. La bâtisse conserve le mur nord de la nef avec sa porte en plein cintre et un chapiteau roman maçonné dans le mur. En 1967, Mlle Cathalot est propriétaire de cette maison achetée par son aïeul en 1898. Décédée en 1975, elle habitait une autre maison située sur le terrain, au 12 rue du Désert. Le mémorial est placé sur une parcelle de son parc en 1977.

Sur l’îlot se trouvaient également la cure, le long de la rue du Désert, entre la rue de l’Ermitage et la rue Monthyon (vendue avec son jardin à Vergnaud en 1791) et l’ermitage, à l’angle de la rue de l’Ermitage et de la rue Jean-Baptiste-Blanc. L’existence d’un ermite est attestée à partir du XVIe siècle, mais il pourrait avoir été présent dès le XIVe siècle. Nommé par les consuls, logé, nourri, vêtu et chauffé aux frais de la commune, il était chargé de prier pour le salut de la ville. L’an 1743 marque sa fin. Vendu à la Révolution, de nouveaux bâtiments occupent une partie de l’ancien ermitage.

Les immeubles de la rue ont été édifiés essentiellement au début du XXe siècle : les 2-8 rue Jean-Baptiste-Blanc, alignement homogène de maisons bourgeoises de 1900 environ, le 27, de l’architecte Bouchemousse (1906) et le 33, la villa de l’Hermitage (Bouchemousse), face à l’ancien cimetière. Les autres sont plus récentes, comme le 1 rue Jean-Baptiste-Blanc, qui remonte à 1938 (façade en retour avec bow-window et moellons rectangulaires de granite de Feytiat).

Au 47 rue Jean-Baptiste-Blanc, une usine de porcelaine est construite par Chauffriasse, Penot et Rougerie en 1920. La maison d’habitation préexistante est transformée en atelier de fabrication, tandis qu’un nouveau bâtiment est édifié pour accueillir le four. En 1925, l’usine est agrandie par l’ajout de nouveaux ateliers destinés à la décoration des pièces de porcelaine produites. La société cesse toute activité vers 1931. En 1965, les ateliers sont repris par les établissements André Denanot, qui implantent sur le site une petite usine de confection encore en activité au début des années 1970. L’ancien bâtiment du four est aujourd’hui à usage d’habitation.

dimanche 24 novembre 2013

Blanqui (place)

L’ancien séminaire des Ordinands se trouve à l’intersection d’un cardo (rue Jean-Pierre-Timbaud) et du decumanus maximus (rue du 20e-Régiment-de-Dragons) de la ville romaine. La rue du 20e-Régiment-de-Dragons faisait partie de la rue des Récollets ; son nom actuel lui est donné le 23 avril 1994. Quant à la place Blanqui, c’est l’ancienne place du Séminaire. Auguste Blanqui (8 février 1805-1er janvier 1881) est un révolutionnaire républicain socialiste.

Le séminaire des Ordinands, implanté par Martial de Maledent pour former les futurs prêtres, est édifié en 1666 à l’emplacement des vignes du Clos Sainte-Valérie, à côté du couvent des Dominicains. Il est en forme de U avec cour centrale. Les ailes latérales sont agrandies lors d’une seconde campagne en 1680 et complétées par une aile sur rue à grand portail.

Transformé en caserne en 1793, il est affecté à un quartier de cavalerie jusqu’en 1945, ce qui a nécessité la construction d’une longue aile complémentaire sur rue en 1824, renfermant un intéressant escalier en bois à première volée double à montées parallèles. En face, dans l’ancien couvent des Dominicains, se trouvait le petit quartier de cavalerie. Le site est ensuite devenu la cité administrative Blanqui, avant d’être réaménagé récemment en habitations (1-7 rue Jean-Pierre-Timbaud).

samedi 23 novembre 2013

Bobillot (rue)

L’urbanisation du quartier, à la fin du XIXe siècle, est liée à l’ouverture, en 1875, de la gare des Charentes et à la création d’usines employant une main-d’œuvre importante qui loge à proximité. Le chemin de Basse-Encombe-Vineuse devient la rue Bobillot en septembre 1888, à la demande des habitants. Jules Bobillot (1860-1885) est un militaire français (sergent) mort au Tonkin, en Indochine.

Les immeubles récents, 8-14 rue Bobillot, ont été bâtis à l’emplacement de la première fabrique de porcelaine de Limoges. En 1768, un gisement de kaolin, matériau indispensable à la fabrication de porcelaine, est découvert près de Saint-Yrieix-la-Perche. L’intendant Turgot encourage la création d’une manufacture dans la faïencerie de Joseph Massié : créée par son père, André, en 1736, elle possède les installations nécessaires. Le capital est apporté par Pierre et Gabriel Grellet et les connaissances chimiques par Nicolas Fournérat. Des essais sont entrepris dès le mois d’août 1770. La manufacture Grellet frères, Massié et Fournérat est créée le 1er mars 1771. En 1773, elle passe sous la protection du comte d’Artois (futur Charles X), puis devient royale (vendue au roi) le 1er juillet 1784. En 1788, François Alluaud remplace Gabriel Grellet à sa tête. Il conserve ses fonctions jusqu’en 1793. En 1796, l’entreprise est revendue par l’Etat à d’anciens ouvriers. C’est dans les années 1970 que les ateliers sont détruits.

De nombreux bâtiments de la rue datent de l’époque du développement du quartier. Le 2 rue Jules-Bobillot, à l’angle de la rue François-Chénieux, porte l’inscription « H. Fragneau, architecte, 1880 » ; le bâtiment à l’intersection de la rue Jules-Bobillot et de l’avenue Adrien-Tarrade, indique « P. Sarre & Fils, entrepreneurs, 1902 » et présente plusieurs sculptures et des briques rouge et bleu turquoise sous la corniche ; son voisin, le 28 rue Jules-Bobillot, a, au-dessus de la porte, la mention « P. Sarre, entrepreneur » (remarquer, en face, la cour avec les bâtiments en briques) et le 59 rue Jules-Bobillot est dû à l’architecte A. Thuillier (1902).

L’usine de formes de chaussures Brun et Buisson occupe dès 1920 des locaux dans des ateliers (dépendants de la SA des revêtements en porcelaine) sur le site de l’ancienne manufacture royale de porcelaine. Elle est obligée de les quitter et fait construire sur la parcelle voisine (4-6 rue Bobillot) de nouveaux bâtiments par les architectes limougeauds Jouhaud de Verdier et Marcel Moreau (1924). La société Brun et Buisson fournit alors en formes en bois une partie de l’industrie mécanique de la chaussure de Limoges. Cette production cesse après 1934, remplacée par un commerce de machines-outils pour le bois. A cette date, les ateliers de fabrication à sheds sont scindés en deux parties. En 1948, les bureaux en briques rue François-Chénieux sont surélevés et transformés en boutiques et en habitation par l’architecte René Dupuy. Les ateliers sont aujourd’hui désaffectés.