mercredi 4 décembre 2013

Barbès (rue Armand)

Le chemin de Plaisance est ouvert en 1865 sur les terrains provenant du démembrement de la propriété de Plaisance, résidence entourée de plus d’un hectare de terrain en bordure du cours Gay-Lussac et appartenant à Mme Adam. Seule une partie de la rue Armand-Barbès actuelle portait ce nom (du cours Gay-Lussac à la rue de Châteauroux).

La société immobilière du Crucifix s’était engagée en 1864 à créer un quartier sur des terrains compris entre la route de Paris (avenue du Général-Leclerc), la rue du Chinchauvaud, le Champ de Juillet, le cours Gay-Lussac et l’avenue du Crucifix (Garibaldi). Le plan, qui prévoyait une place avec église et fontaine, est modifié suite au projet de construction de la caserne Marceau ; des rues prévues sont supprimées, d’autres sont déviées par rapport au plan initial. La Société immobilière est à l’origine de la rue Théodore-Bac, l’avenue de Turenne, la rue de la Souterraine, une partie des rues Hoche, Armand-Barbès, de Belfort, d’Argenton, Charpentier…

La caserne du Crucifix (Marceau), 64 rue Armand-Barbès, est construite entre 1875 et 1877 pour accueillir le 21e régiment de chasseurs à cheval. Issue d’une vague d’édification de casernes (elles occupaient auparavant d’anciens bâtiments religieux), sa construction fait suite à celle de l’hôtel de commandement en 1861-1869 et précède celle des casernes Beaublanc (1877) et Beaupuy, en 1885. Libérés par l’Armée en 2011, ses 43 000 m² sont devenus propriété de la Ville de Limoges pour 1 € symbolique. Devant, la place Marceau est l’ancienne place de la Société-Immobilière.

Un peu plus haut dans la rue, le manège de cavalerie de Montrouge, de 1876, servait aux soldats de la caserne Marceau. Devenu garage et entrepôt militaire, il a été vendu début 2010 pour 1 € symbolique à la Ville de Limoges. En 2013, l’office HLM y aménage 37 logements labellisés BBC (les façades sont conservées).

En 1881, la rue de Plaisance devient la rue Denis-Dussoubs et, en 1883, un accord permet son achèvement entre la rue de Châteauroux et la caserne. Le 29 mars 1882, elle prend le nom d’Armand-Barbès (1809-1870), homme politique guadeloupéen emprisonné en 1839 à la suite d’une tentative d’insurrection républicaine contre Louis-Philippe et libéré à la révolution de 1848 ; arrêté après le 15 mai 1848, il est relâché en 1854 et s’exile en Hollande jusqu’à sa mort. Le même jour est décidé le prolongement de la rue Armand-Barbès jusqu’à la route de Paris (avenue du Général-Leclerc) ; il est achevé vers 1895. La jonction se fait au niveau de l’école communale Léon-Berland, ancienne école communale de la Société immobilière, école maternelle et élémentaire publique. Il faudra au final plus de quarante ans pour que la rue présente pratiquement l’aspect que nous lui connaissons.

En 1886, Léon Léonard Lescuras, distillateur rue du Temple depuis le début des années 1880, fait édifier au 76-78 rue Armand-Barbès une distillerie, des chais, des magasins industriels, ainsi qu’un logement patronal. Lui succède Duché en 1901, puis Chaumanet en 1904. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le site est acquis par l’usine de chaussures Pénicaut Lionet et Compagnie : les bâtiments sont détruits, à l’exception du logement patronal et de magasins industriels en bordure de la rue Gouffier-de-Lastours. En 1921, de nouveaux ateliers de fabrication sont construits, ouverts sur les rues de Fontaury et Armand-Barbès. En 1938, la société Pénicaut Lionet et Cie est remplacée par l’imprimerie Brégéras, laquelle quitte le site dès 1948 pour s’installer rue Cruveilher. Les locaux sont alors repris par l’entreprise Perfecta, spécialisée dans la fabrication de formes de chaussures en bois et de galoches. Les ateliers sont transformés à cette occasion. L’usine est probablement fermée au cours des années 1970. Une salle de gymnastique, danse et relaxation, les entrepôts de la fondation Emmaüs, ainsi que des logements sont implantés aujourd’hui dans ces immeubles.

En 1898, l’architecte J.-B. Chabrefy érige, au 23 rue Armand-Barbès, une demeure bourgeoise qui compte parmi ses premières réalisations. La façade élevée sur trois niveaux est ponctuée de plusieurs ornements de faïence. Treize carreaux similaires sur les quinze originels sont alignés sous la corniche. Il s’agit de croix fleurdelisées au ton crème sur un cercle pourpre encadrées d’un bleu turquoise, motifs fréquents dans la céramique architecturale industrielle. Le panneau qui orne la corniche des balcons présente un élément central en pointe de diamant encadré par deux motifs floraux stylisés. Il porte la mention « H-B et Cie Choisy-le-Roi », preuve du rayonnement des grands fabricants industriels, comme Boulenger, dont il s’agit ici.

Dans la rue, de nombreux autres bâtiments portent la signature de leur architecte : 18 rue Armand-Barbès (E. Wottling, 1894), 27 (Mariaud, 1898), 28 ter (Mariaud, 1901), 29-31 (F. Nouger, 1897), 34 (F. Nouger, 1895)…

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