dimanche 1 décembre 2013

Baudin (avenue)

Ouverte en 1848, la nouvelle route d’Aixe prend, le 10 octobre 1888, le nom de Jean-Baptiste Baudin, né en 1811, médecin, député de l’Ain, mort en défendant la République lors du coup d’Etat de 1851. L’avenue débute devant l’hôtel de Ville, descend en direction du sud-ouest et rejoint les bords de la Vienne jusqu’à atteindre la route de Périgueux. La bourgeoisie, soucieuse de s’éloigner du centre-ville insalubre, s’installe le long de ce nouvel axe. Sur certains bâtiments figure le nom de leur architecte : 51-53 avenue Baudin (Vergez, 1883), 107 (Chabrefy, 1898) , 244-246 (Couturier, 1907). Au 75 avenue Baudin, la façade est décorée de céramique. De nombreuses usines se fixent dans la partie basse de l’avenue, à proximité de la Vienne, mais également plus haut, comme l’imprimerie Lavauzelle, qui était au 62 avenue Baudin.

La Bibliothèque francophone multimédia s’établit en 1998 à l’emplacement de l’hôpital général, construit en 1661 et désaffecté en 1976 avec l’ouverture du CHU. Certains bâtiments de l’hôpital ont été sauvegardés, comme le montre la façade rue Louis-Longequeue.

Face à médiathèque, à l’emplacement de la station-service (4 avenue Baudin), se tenait une institution appelée le Refuge, créé en 1683 pour les prostituées. Elles étaient auparavant enfermées avec les mendiants à l’hôpital général, ce qui n’était pas sans poser des problèmes de promiscuité. Au refuge des filles repenties ou maison de correction de la Madeleine, les sœurs de Saint-Alexis se chargent de leur « réhabilitation » en leur faisant filer la laine, puis le coton. La discipline est sévère et les humiliations courantes. Les femmes internées ne sont pas toujours des prostituées ; considérées comme gênantes par des membres de leur famille, victimes d’histoires de captation d’héritage, etc., les lettres de cachet suffisent à les faire enfermer pour une durée plus ou moins longue. En 1791, le Refuge devient maison de bienfaisance pour les filles et veuves enceintes, puis il est fermé et démoli en 1802, car il tombe en ruine.

Au 55-57 avenue Baudin, dans les locaux construits vers 1909 par François Texier, marchand de vin, la société Clin et Russe implante à l’issue de la Première Guerre mondiale une usine de chaussures. En 1922, de nouveaux ateliers et des bureaux sont édifiés. En 1934, Victor Russe acquiert les bâtiments. Il commercialise sa production dans les années 1950 sous la marque L’Auréole. L’usine ferme au milieu des années 1960. A droite se trouvent les ateliers de fabrication avec les bureaux à l’arrière, à gauche la conciergerie. Entre les deux, l’entrée de l’usine est cantonnée de deux pilastres en granite. Les locaux sont actuellement occupés par les bureaux et le dépôt de la société Dutreix-Schindler, spécialisée dans l’installation et l’entretien d’ascenseurs.

En 1888, les docteurs François Chénieux et Justin Lemaistre, chirurgiens, fondent la première clinique privée du Limousin dans une maison particulière avec jardin, propriété de M. Descazals. Construite dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle se situait 27 nouvelle route d’Aixe, aujourd’hui 83 avenue Baudin. La clinique Chénieux déménage en 1897 au 43 avenue de la Révolution où elle reste jusqu’en 2008, date à laquelle elle transfère ses activités sur le site de Saint-Lazare.

Aujourd’hui Direction de la propreté de Limoges métropole, l’hôtel Monteux, 88 avenue Baudin, est construit en 1903-1904 par les architectes Menissier et Rocher, déjà auteurs de l’usine de chaussures Monteux, rue de Châteauroux. Vendu par Maurice Monteux, l’édifice est témoin de la construction, au cœur du parc, de la tour du BTP de Limoges, centre régional du bâtiment et des travaux publics (86 avenue Baudin). Inaugurée en 1972, elle a pour architectes Marcel Rauby (Bellac, 17 juin 1910-Limoges, 29 septembre 1997) et Léonard Soriano.

En 1889, Charles-Alfred Clément fait construire, 89-91 avenue Baudin, des ateliers où il implante une usine de confection spécialisée dans la fabrication de corsets. L’année suivante s’achève la construction du logement patronal, dont la travée centrale porte à l’étage un balcon en fer forgé. En juin 1895, les femmes qui forment l’essentiel du personnel débutent une grève de 108 jours, pour s’opposer aux règlements imposés par M. et Mme Clément. L’usine, exploitée sous la raison sociale G. Clément depuis 1944, ferme ses portes à la fin des années 1960. Les ateliers, transformés en immeuble de bureaux, abritent aujourd’hui le cabinet d’études en environnement Gaudriot-Cetec. Les ateliers sont constitués de deux corps de bâtiment accolés : le premier avec une façade sur rue en pierre de taille en granite et le second, dans le prolongement du premier. Les murs sur cour sont en briques polychromes formant des motifs géométriques (losanges) au-dessus des soubassements.

En 1887, l’architecte Vergez élève, 115 avenue Baudin, en léger retrait de la rue, une demeure de style néoclassique, qui se distingue par l’entablement soutenu par des colonnes corinthiennes semi-engagées et l’ouverture à fronton au deuxième étage. L’harmonie du bâtiment est confortée par l’unité des couleurs et du décor de faïence : la rosace encadrée d’un filet noir qui se détache sur fond bleu sur les deux panneaux en extrémité, le cartouche au centre qui accueille cinq carreaux avec croix lobées et l’autre cartouche portant la date de construction qui souligne la lucarne.

Cet ensemble, 140-148 avenue Baudin, est composé de quatre immeubles similaires et d’une villa. Les immeubles, d’une remarquable symétrie, sont rehaussés de décors céramiques tels une frise en damier et des cabochons ponctuant la façade. En relief, ces derniers sont insérés dans un cartouche blanc en forme de losange et représentent, sur un fond orangé cerné de bleu, une feuille de chardon enroulée autour d’un clou.


La blanchisserie industrielle Baron, fondée vers 1855, 208 avenue Baudin, est acquise dans les années 1870 par Henry Maine. En 1884, ce dernier édifie un logement patronal et, dans les années 1890, agrandit son établissement. Son successeur, Gabriel-François-Xavier Maine, construit de nouveaux ateliers dans les années 1920, en contrebas du logement patronal, ainsi qu’un château d’eau en béton armé en 1935. Paul Maine reprend l’affaire à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1984, l’usine est acquise par le groupe industriel Elis. Le logement patronal est reconverti en bureaux (trois baies de l’une des pièces du rez-de-chaussée ont conservé des vitraux à motifs animaliers et végétaux). Il est accolés aux deux plus anciens ateliers, probablement de la seconde moitié du XIXe siècle.

En 1898, Louis Patry, propriétaire depuis 1856 d’une tannerie (détruite) installée à une cinquantaine de mètres en bordure de la Vienne, édifie des magasins et entrepôts industriels, 230 avenue Baudin. Ses fils Lucien (dit Léonce) et Louis (dit Eugène), qui forment depuis 1907 la société Patry frères, détruisent les bâtiments pour en édifier de plus vastes en 1910. Ces derniers abritent alors les magasins et entrepôts industriels, ainsi que les bureaux de la tannerie. Vers 1946, les bâtiments sont repris par une usine de tissage, les frères Patry implantant leur tannerie sur la commune voisine d’Isle. Ils conservent leur entrepôts et bureaux de l’avenue Baudin jusqu’à la fin des années 1950, date à laquelle les bâtiments sont reconvertis en garage de réparation de camions Berliet et, depuis 1968, en garage de réparation automobile spécialisée dans les pneumatiques.

Les entrepôts, magasins et bureaux sont composés de quatre halles accolées en pierre de taille en granite, moellon de granite et pierre de taille en calcaire. La façade est formée de quatre pignons de deux types différents qui alternent : le premier type de pignon, dont celui de l’entrée principale, est percé d’une grande ouverture, sur toute la hauteur de l’édifice, couverte en plein cintre. Le pignon de l’entrée principale est de plus surmonté d’une table d’attente coiffée d’un fronton brisé. Le deuxième type de pignon est percé de trois baies rectangulaires au rez-de-chaussée et trois baies couvertes en plein cintre à l’étage (dont une grande baie centrale).

Le 271 avenue Baudin est en bord de Vienne. Au moulin à farine appelé moulin Pabot, attesté au XIVe siècle, est adjoint en 1788, par Louis Naurissart, directeur de la monnaie de Limoges, un laminoir pour l’or, l’argent et le cuivre. Le site prend alors l’appellation de moulin de la Monnaie. Propriétaire depuis 1805, Martial Parant, nouveau directeur de la monnaie, transforme le laminoir en forge anglaise en 1825. En 1837, son successeur, Alexandre Parant, reconvertit partiellement la forge en minoterie. La forge subsiste en partie jusqu’au milieu des années 1840. Alexandre puis Jules Parant Léobon établissent en 1854 une usine de porcelaine qui fonctionne jusqu’en 1887 aux côtés de la minoterie et installent une usine de préparation de produit minéral pour le kaolin à la veille des années 1870. De 1911 à 1942, une blanchisserie industrielle est exploitée dans les anciens séchoirs à kaolin. La préparation de kaolin et la fabrication de porcelaine sont reprises par M. Radiguet en 1918 (usine de Beaumoulin), activités auxquelles succède la mégisserie Meyer vers 1922, puis, à partir de 1945, une usine de meubles pour quelques années seulement. Actuellement, le site accueille un commerce, une boîte de nuit et une habitation.

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