vendredi 29 novembre 2013

Bénédictins (avenue des)

C’est l’intendant Aubert de Tourny (1730-1743) qui trace les allées de Tourny (avenue des Bénédictins), plantées d’arbres ; elles descendent de la place qu’il a également créée (actuelle place Jourdan). Il souhaite faire passer la route de Lyon à Saintes (via Saint-Priest-Taurion) par la rue Lansecot, la rue du Consulat, les allées de Tourny et le faubourg des Casseaux (rue Donzelot). Mais c’est par les boulevards et le pont Saint-Étienne que passera l’itinéraire. Au bout des allées de Tourny se tenait l’église Saint-Christophe et, juste derrière, le monastère des Bénédictins, qui a donné son nom actuel à la voie ; à gauche, au début de l’avenue, se trouvait l’église Saint-Paul.

L’évêque Rorice Ier (†507) fait bâtir l’église Saint-Augustin à la fin du Ve siècle. Détruite au VIIIe, elle est relevée à partir de 935 par l’évêque Turpion, qui fonde un monastère bénédictin (règle de saint Benoît). De nouveaux édifices sont réalisés en 1614 à l’aide de pierres de l’ancien cimetière aménagé le long de l’église. L’abbaye est désignée à partir du XVIIe siècle sous le vocable de ses derniers occupants, les Bénédictins. Après la fermeture de l’église en 1791, le monastère des Bénédictins est acheté par la chanoinesse de Brettes pour ouvrir un pensionnat de demoiselles, puis, en 1810, par l’Etat, pour y établir la maison centrale de détention (Madame de Brettes déménage son institution aux Feuillants). La maison d’arrêt est, quant à elle, au couvent de la Visitation, jusqu’à l’entrée en fonction des nouveaux locaux construits, en 1856, place Winston-Churchill. En 1871, la maison centrale est transformée en caserne, puis, désaffectée, elle est démolie en 1950, lors du percement de l’avenue Jean-Gagnant, prolongement de l’avenue des Bénédictins jusqu’au faubourg des Casseaux (actuelle avenue des Casseaux).

L’église Saint-Christophe était placée un peu en avant des Bénédictins, juste après le chemin des Casseaux (rue Donzelot). Dernière église fermée au culte, en 1792, elle est démolie de 1811 à 1820, lors de la construction de la maison centrale de détention à l’emplacement de l’abbaye Saint-Augustin.

Dans la rue des Pénitents-Blancs, ancien chemin du Rosaire, se trouvait l’église Saint-Julien, érigée par un successeur des Rorice, où les pénitents blancs, autorisés en 1604, installent leur tribune. A la Révolution, elle devient la propriété d’un particulier. Son emplacement est acheté plus tard par les sœurs de Marie-Thérèse : il devient le couvent du Bon-Pasteur, ouvert en 1841 pour les filles repenties (condamnées de moins de 16 ans) et l’église est remplacée par une chapelle. Aujourd’hui, c’est une maison de retraite (19 rue des Pénitents-Blancs) et, au 5, dans la chapelle ornée de vitraux de Chigot, le Comptoir des chemises et accessoires.

L’évêque Rorice II (°507-†553) fait bâtir l’église Saint-Paul, dans le cimetière de laquelle seront enterrés saint Ferréol et saint Asclèpe, évêques de Limoges respectivement à la fin du VIe et au début du VIIe siècle. L’église est détruite au VIIIe siècle et rebâtie au XIIIe. Les pénitents bleus y installent leur tribune en 1604 ; ils y restent encore quelque temps après 1791 (les confréries sont supprimées en 1792). Ensuite, elle est transformée en teinturerie, puis démolie. Le tunnel de la ligne de Périgueux s’ouvre aujourd’hui au-dessous de son emplacement (à l’angle de l’avenue Charles-de-Gaulle et des Bénédictins).

En face s’étendait la manufacture Laforest. Les frères Laforest, Louis et Guy, installent d’abord leur filature de coton (siamoises) rue Banc-Léger. Devenue manufacture royale en 1743, elle obtient le monopole pour vingt ans de la fabrication des cotonnades à Limoges et dans un rayon de quatre-vingt kilomètres. L’activité est transférée actuel 14 place Jourdan en 1745. Les privilèges sont renouvelés à Pierre Laforest en 1783. La manufacture s’arrête dans les années 1810. En 1898, la partie nord est acquise et détruite par Henri-Charles Lavauzelle, qui dirige une imprimerie avenue Baudin. Il fait appel à l’architecte Vergez pour édifier un entrepôt et magasin de commerce. C’est aujourd’hui une agence bancaire, après avoir été le cinéma Le Colisée. Le reste de la manufacture Laforest est démoli en 2005 pour construire l’immeuble administratif Le Pastel.

La physionomie de la rue a beaucoup évolué depuis le XIXe siècle. Aujourd’hui, les immeubles sont de plusieurs époques et l’ensemble n’est pas très homogène. Parmi eux, le 35 avenue des Bénédictins (Mariaud, 1898) et le 41, immeuble ayant abrité l’atelier du peintre officiel de la Marine Jean-Louis Paguenaud (Coussac-Bonneval, 1876-Limoges, 1952), auteur d’un triptyque représentant des paysages ferroviaires qui décorait à l’origine le buffet de la gare.

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